Covid-19 : bons résultats pour le test salivaire français EasyCov
Après l’autorisation des tests antigéniques, sérologiques, PCR ou salivaires, les nouvelles techniques de dépistage continuent de s’enchaîner depuis cet été. Le 18 septembre dernier notamment, la Haute autorité de santé (HAS) a tranché sur l’efficacité des tests salivaires RT PCR (réaction en chaîne par polymérase): ils sont efficaces, mais pas chez les personnes asymptomatiques. Le test salivaire EasyCov, qui s’appuie sur une technique nouvelle, la RT LAMP (amplification isotherme médiée par les boucles) s’est révélé, lui, efficace chez tous les patients, même asymptomatiques. Dans les deux cas, le génome viral est amplifié (on multiplie la quantité de matériel génétique du virus), puis des séquences spécifiques sont identifiées. Mais dans la PCR, l’échantillon est chauffé et refroidi à plusieurs reprises, tandis que la LAMP ne demande que deux étapes de chauffage à 65% réalisables par des équipements simples et portatifs.
40 minutes au lieu de plusieurs jours
Concrètement, le test EasyCov est un prélèvement de salive sous la langue au moyen d’une micropipette. “On prélève de la salive dans la cavité buccale. On la dépose dans un premier tube que l’on fait chauffer à 80°C, puis une seconde chauffe de 30 minutes à 65°C. On a un résultat colorimétrique en 40 minutes: jaune vif, c’est positif, orange, c’est négatif”, explique au HuffPost Jacques Reynes, chef du service Infectiologie au CHU de Montpellier.
La nouvelle technique de dépistage, mise au point en trois mois et demi par le CHU de Montpellier et le CNRS présente des avantages incontestables par rapport aux méthodes RT-PCR naso-pharyngé et salivaire. Tout d’abord, la rapidité des résultats: alors que les tests PCR sur prélèvement naso-pharyngé, réalisés dans les laboratoires français prennent plusieurs heures, voire plusieurs jours, les tests salivaires EasyCov peuvent être réalisés en 40 minutes seulement.
Autre atout du nouveau test salivaire: “il est particulièrement facile à réaliser, et moins inconfortable que les dépistages sur prélèvements naso-pharyngé”, explique Jacques Reynes. En plus d’être moins désagréable que le prélèvement au fin fond des fosses nasales avec un long coton-tige, il nécessite moins du matériel et réduit ainsi les risques de contamination des soignants.
“D’ici à 2021, les tests RT-PCR devraient disparaître totalement, remplacés en partie par cette nouvelle technique de dépistage”, affirme Franck Molina, directeur de recherche au CNRS, interrogé par le HuffPost. Si les résultats de cet essai n’ont pas encore été validés par des pairs et qu’ils n’ont pas encore fait l’objet d’une publication dans une revue scientifique (ils seront soumis prochainement à un comité de lecture), ils pourraient suffire, se réjouit le chercheur, à obtenir le feu vert de la Haute autorité de santé.
Pour sa part, l’autorité publique indique au HuffPost n’avoir “reçu à ce stade, qu’une note relative à des résultats cliniques intermédiaires de manière informelle”. Et de poursuivre: “Il nous faut des éléments plus précis pour nous prononcer sur cette étude. On suit ce dossier comme tous ceux des nouveaux tests et techniques”. Pour rappel, la HAS n’est pas celle qui autorise ou non la commercialisation d’un test ou vaccin. Elle rend un avis, basé sur des études scientifiques, pour juger de son efficacité et recommander ou non que le produit soit pris en charge (remboursé)
En juin dernier de premiers résultats du test EasyCov encourageants avaient été dévoilés par les chercheurs du CNRS et le CHU de Montpellier. La Haute autorité de santé avait toutefois encouragé les chercheurs à étoffer leurs recherches, afin d’avoir plus de données sur la fiabilité d’EasyCov. Une requête que les chercheurs estiment avoir respectée avec les tests menés sur le “drive” de CHU Montpellier.
Une vingtaine d’euros contre 54
Courant septembre, 220 personnes, dont 40 détectées malades symptomatiques ou asymptomatiques ont été soumises à un double prélèvement. Leur échantillon naso-pharyngé était soumis à un test PCR et leur salive, à un autre test PCR et à EasyCov. Résultat: EasyCov détecte 87,5% des cas positifs repérés par les tests RT-PCR et comporte très peu de faux positifs (de 0,6%). Le test est commercialisé au prix d’une vingtaine d’euros et nécessite un appareil de chauffe vendu à 1500 euros. Par comparaison, le coût du test de dépistage du coronavirus par PCR est de 54 euros.
“Ces tests sont particulièrement efficaces, décrypte Franck Molina, parce qu’ils repèrent avec précision les personnes asymptomatiques. Sur les 8 personnes asymptomatiques avérées, on en a repéré 8. Or ce sont eux qui sont les plus infectieux. Si on veut sortir de la crise, il faut tester tous les asymptomatiques et c’est pourquoi les tests salivaires constituent une solution.”
Les tests salivaires, déjà commercialisés à grande échelle aux États-Unis, au Royaume-Uni, ou dans l’aéroport de Djibouti (Afrique de l’Est), sont réclamés, en France par les dentistes, les entreprises ou les Ehpad, rappelle Franck Molina. “Pour donner un exemple concret dans une classe, s’il y a une suspicion de cas, on peut faire tester toute la classe en 40 minutes, avant même que les élèves ne s’installent. On peut ensuite les retester le lendemain, puis le surlendemain pour s’assurer qu’on ne laisse passer aucun malade. Le test salivaire permet la récurrence.” Et le chercheur de conclure: “On a conçu le test pour être low tech, frugal, sans déchet facile d’utilisation… “. Reste à voir si les résultats qu’obtiendront les chercheurs lors des prochaines phases sauront convaincre la Haute autorité de santé.
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