Covid: à Marseille les bars et restaurants ont bien fermé, à contre-cœur
Dans la deuxième ville de France, en face de la gare Saint-Charles, le café du Printemps, ouvert généralement au petit matin, est bouclé et l’ardoise affichant le plat du jour est vide. Dans un autre quartier de Marseille, le long de l’avenue du Prado, le café-brasserie Le Kilt, a lui décidé d’ouvrir pour la vente à emporter.
“Le plus dur, je pense, c’est de voir tout le monde travailler et de ne pas pouvoir travailler”, lâche en astiquant le bar Clément, qui préfère ne pas donner son nom de famille. “Il va y avoir beaucoup moins de clients pour la vente à emporter”, ajoute-t-il avec lassitude.
“On paie les pots cassés aujourd’hui”
La veille au soir, rares étaient les clients à profiter d’un dernier verre avant la fermeture pour 15 jours des restaurants et des bars à Marseille dimanche à minuit, dans une ambiance très rafraichie par un fort mistral.
“On a été prévenus 3 jours avant, c’est déjà mieux que lors du confinement”, soupire Nicolas Arecchi, patron du Little Temple Bar, un pub situé juste à côté du Vieux-Port de Marseille. Il était 23h et sa terrasse était déjà désertée, une heure avant le cap fatidique.
Si l’arrêté préfectoral précisant les nouvelles mesures de lutte contre le Covid-19 ordonne la fermeture totale des restaurants et des bars à Aix-en-Provence et Marseille pour 15 jours ―avec même un bilan d’étape d’ici une semaine―, lui n’y croit pas: “Pour moi, ça va durer un mois, et pas seulement 15 jours”.
″Ça met 4 personnes au chômage, on paie aujourd’hui le manque de contrôle pendant deux mois. Le problème, c’est qu’une minorité d’établissements ne respectaient absolument rien”, peste-t-il. “On paie les pots cassés aujourd’hui, alors que nous on a joué aux gendarmes pendant tout l’été”.
“On va boire des pots chez nous, sans masque”
Dans le pub d’en face, le O’Malley’s, un groupe de jeunes partageaient quelques verres. “On est là pour fêter la fin (des bars), maintenant on va boire des pots chez nous, sans masque, et en plus on sera plus serrés”, ont témoigné Théo Rambeau, 25 ans, et Benjamin Laval, 22 ans, tous les deux étudiants: “De toute façon, rien ne peut nous empêcher de faire la fête, tout ce que ça fait, c’est que ça ruine l’économie”.
“Pour moi, ça signifie que mon CDD de serveuse se termine et je n’ai pas encore droit au chômage ni au RSA, comme je n’ai que 24 ans”, abondait Marion, une de leurs amies.
Outre Marseille et Aix-en-Provence, la fermeture des bars et restaurants concerne également 15 autres communes des Bouches-du-Rhône, dont La Ciotat, Gardanne, Arles ou Martigues, mais uniquement entre 22H00 et 06H00.
“Dictature” et décisions “incohérentes et discriminatoires”
L’annonce mercredi de ces nouvelles mesures par le ministre de la Santé Olivier Véran a suscité un tollé parmi les professionnels et les élus locaux, qui ont dénoncé des restrictions prises sans aucune concertation et mis en avant le ralentissement selon eux de l’épidémie dans la région, à Marseille notamment.
Dénonçant “une dictature” et des décisions “incohérentes et discriminatoires”, Christophe Ledeux, le patron du Queen Victoria, sur le Vieux Port, promet “des opérations coups de poings de la profession, dès demain (lundi)”: “Ca ne peut pas durer, nous allons nous faire entendre, comme les agriculteurs, les pêcheurs, les routiers ou les vignerons”, assure-t-il à l’AFP.
Pour lui aussi, le secteur souffre aujourd’hui d’un été où les contrôles n’ont pas été assez stricts pour les établissements ne faisant pas respecter les règles sanitaires: “On paye deux mois où ils n’ont pas fait le job, car c’était à eux de faire les contrôles, c’était à la Préfecture de police de le faire, et maintenant on nous accuse et nous sommes les vilains petits canards noirs”.
A côté de ces actions sur le terrain, professionnels et élus veulent aussi agir devant le tribunaux. Dès la publication officielle de l’arrêté préfectoral dimanche après-midi, le président LR de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Renaud Muselier, a ainsi annoncé avoir déposé un recours collectif en référé-liberté, devant le tribunal administratif de Marseille.
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