Darmanin a-t-il réclamé des sanctions contre le lanceur d’alerte de la police?
POLITIQUE – C’est une enquête publiée par le site StreetPress qui remue à nouveau le milieu de la police. De nouvelles accusations de racisme ont été révélées. Mardi 28 juillet, Gérald Darmanin a été invité par le député Aurélien Taché à s’exprimer sur l’affaire. Et le le ministre de l’Intérieur se voit reprocher une (nouvelle) formule malheureuse à propos du brigadier et lanceur d’alerte Amar Benmohamed. Formule qui a enflammé les réseaux sociaux.
“Le brigadier Benmohamed a dénoncé -alors pardonnez-moi de vous le dire, mais c’est exactement ce qu’il y a à ma connaissance- avec retard -c’est d’ailleurs ce qui lui est un peu reproché, on en reparlera plus tard si vous le souhaitez- a dénoncé ces camarades qui auraient, je mets du conditionnel, mais les faits reprochés sont graves, énoncer des insultes à caractère sexistes, homophobes et racistes […]”, a commencé à répondre Gérald Darmanin.
#NousSoutenonsAmar
Rapidement, à l’initiative d’un journaliste de StreetPress et co-auteur de l’enquête qui a révélé les accusations du brigadier-chef, le hashtag #NousSoutenonsAmar s’est retrouvé en tendance Twitter. Et l’était toujours ce mercredi 29 juillet au matin.
“Si le ministre de l’Intérieur attaque le policier lanceur d’alerte, c’est parce qu’il sait que notre enquête révèle que la hiérarchie policière et la préfecture de police ont tenté d’enterrer l’affaire”, peut-on lire sur le réseau social. Les coups de colère qui se succèdent sous le hashtag dénoncent une attaque personnelle de Gérald Darmanin.
Darmanin ou l’IGPN?
Vérification faite, le ministre de l’Intérieur, qui se retrouve au cœur des polémiques depuis sa nomination Place Beauvau, n’a, stricto sensu, pas attaqué le policier lanceur d’alerte. Gérald Darmanin s’est, selon ses propres termes, contenté de résumer les conclusions du rapport de l’IGPN qui se trouvait devant lui, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.
“L’IGPN a relevé des comportements tout à fait inappropriés de la part de six fonctionnaires de police: injures, agressivité, mensonges, désobéissance (je lis des termes utilisés par l’inspection générale). Elle a proposé bien avant la révélation par l’article de presse hier un renvoi devant le conseil de discipline avec quatre sanctions directes et une alternative aux poursuites disciplinaires et dans les quatre sanctions directes, il y a aussi M. Benmohamed”, a rapporté Gérald Darmanin.
“Si les faits sont avérés” dans l’affaire des policiers accusés de racisme au tribunal de Paris, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, veut savoir pourquoi les sanctions proposées par l’IGPN ne sont “pas encore mises en place”, a-t-il expliqué mardi.
Ce rapport “a été fait le 12 mars 2019, et l’IGPN a saisi le préfet de police le 6 juin 2019”, a-t-il ajouté.
Conseil de discipline en septembre
Reste que les reproches adressés par l’IGPN et relayés par le ministre de l’Intérieur ont fait bondir les défenseurs de Amar Benmohamed. “Visiblement, le ministre de l’Intérieur veut s’en prendre à un lanceur d’alerte. On voit mal comment il pourrait y avoir une proposition de sanction” contre M. Benmohamed “sans son audition par l’IGPN en qualité de mis en cause”, a réagi l’avocat du brigadier-chef, Me Arié Alimi.
“Par ailleurs, M. Darmanin reproche la tardiveté des dénonciations de M. Benmohamed, qui n’était pourtant pas le supérieur des mis en cause et alors même qu’il a été le premier à dénoncer les actes”, selon le conseil.
“Un conseil de discipline se tiendra en septembre pour un des fonctionnaires et des sanctions administratives, blâme et avertissements sont en cours de notification pour cinq autres” au vu de “la gravité des faits allégués”, avait annoncé à l’AFP lundi la préfecture de police.
À voir également sur Le HuffPost: Darmanin “s’étouffe” quand il entend “violences policières”, l’expression passe mal
Laisser un commentaire