Écologie: le programme des candidats évalué par les ONG de Réseau Action Climat
CLIMAT – Feux rouges ou feux verts… Les ONG ont fait un état des lieux des programmes des candidats à la présidentielle 2022 en matière d’écologie ce dimanche 20 mars, révèle le JDD. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont nombreux à se faire recaler alors que la question climatique peine à émerger dans le débat présidentiel.
Le Réseau Action Climat (RAC), qui regroupe une trentaine d’associations (Action contre la faim, Fondation pour la Nature et l’Homme, France Nature Environnement, Greenpeace, Oxfam, Secours catholique, WWF) a étudié et sanctionné les sept axes retenus: transport, industrie, agriculture, logement, énergie, international, finance.
Yannick Jadot et Mélenchon, meilleurs élèves
Le candidat écologiste Yannick Jadot est le mieux placé de ce classement avec six feux verts et un feu orange. Ce dernier concerne l’international car le RAC estime qu’il “reste vague concernant l’arrêt du financement des énergies fossiles à l’étranger”. En dehors de cela, son programme reste “résolument ambitieux” sur les transports, est “complet et précis” sur l’agriculture et l’alimentation, et présente une “feuille de route claire” sur les énergies renouvelables.
Pour aller plus loin, le RAC note toutefois que “des mesures un peu plus précises auraient pu être développées pour le soutien aux élevages durables”.
Dans son programme, Yannick Jadot a proposé une série de mesures allant de la baisse de la TVA sur les produits bios à la transformation de logements en bureaux en centre-ville pour faciliter la transition. Il prévoit notamment un vaste plan pour installer 100.000 jeunes en tant qu’agriculteurs sur des petites fermes sans pesticides, en supprimant la dette des paysans grâce à la réorientation des aides de la Politique agricole commune (9 milliards d’euros) et des aides nationales (4 milliards).
Parmi ses lignes directrices: Sortir de l’élevage industriel, sortir progressivement du nucléaire et arrêter dix réacteurs d’ici à 2035 ; parvenir à une électricité “100% renouvelable” et passer de 9000 à 12.000 éoliennes en 2027. Le candidat EELV veut également accorder un chèque énergie de 400 euros à 6 millions de ménages ou encore arrêter la vente de véhicules thermiques neufs dès 2030. Il compte aussi interdire les lignes aériennes lorsque le trajet en train dure moins de 4 heures.
Le programme du candidat Mélenchon semble satisfaisant pour le RAC qui salue notamment sa volonté de limiter le trafic aérien et de “diminuer le recours à la voiture individuelle”. Et également salué son objectif de 100% de bio et de local dans les cantines scolaires. “Il est le seul candidat à proposer un objectif de réduction de 50% de la consommation moyenne de protéines animales”, note le rapport. Il écope, lui aussi toutefois, d’un feu orange pour l’international, faute de ne pas avoir évoqué les pays du Sud souffrant du changement climatique.
Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon souhaite inscrire dans la Constitution le principe de “la règle verte”, selon laquelle on ne prélève pas davantage à la nature qu’elle n’est en état de reconstituer. Il veut aussi garantir une distance maximale (de quinze à trente minutes, en voiture ou en transport collectif) entre tout lieu d’habitation et les services publics essentiels (école, gare, hôpital, bureau de poste).
Le candidat insoumis promet 200 milliards d’euros d’investissements écologiquement et socialement utiles. Au programme: planifier le passage à 100% d’énergies renouvelables, sortir à la fois du nucléaire et des énergies fossiles et rénover l’ensemble du parc immobilier. Il veut également créer 300.000 emplois agricoles, créer un Conseil à la planification écologique ou encore refaire l’isolation d’au moins 700.000 logements par an et reconnaître un crime d’écocide.
Fabien Roussel, 3e mais sans feux verts
Le candidat communiste, Fabien Roussel, obtient cinq feux orange et deux rouges. Le RAC lui reproche notamment de ne rien prévoir dans la restauration collective “pour favoriser une alimentation moins carnée”. Il faut dire aussi que le candidat s’est fait connaître du grand public en déclarant son amour de la “bonne viande et du bon vin”.
Interrogé sur la consommation de viande, et son impact sur la déforestation ou sur l’eau, il a expliqué qu’il fallait “en manger moins, mais mieux”: “il faut qu’elle soit produite en France et respectueuse des normes sanitaires, dans des espaces herbagers préservant les prairies qui absorbent le carbone” et il “faut mettre fin à l’importation de viande” produite selon des méthodes interdites en France. Le communiste se fixe également l’objectif de parvenir à 500.000 agriculteurs en 2030.
Côté climat, Fabien Roussel dit vouloir installer “un nouveau modèle de développement pour nous libérer des dégâts sociaux, écologiques et climatiques du capitalisme” et propose un fonds écologique et social de 140 milliards d’euros, afin d’aligner les politiques sur les recommandations du GIEC.
Il veut que les transports collectifs et du quotidien, avec des dispositifs de gratuité, soient élevés au rang de biens communs et de priorité nationale. Il en est de même pour l’eau et l’énergie – il défend une électricité décarbonée grâce à un mix nucléaire/renouvelables et la construction de six EPR supplémentaires au minimum. Il souhaite aussi consacrer chaque année 10 milliards à la rénovation énergétique de 700.000 logements.
Pécresse, Le Pen et Macron, avec sept feux rouges
Le constat n’est pas brillant pour Valérie Pécresse, même si tout n’est pas à jeter. Le RAC estime que la candidate propose sur les transports, “un nombre important de mesures” mais qu’elles “ne sont pas à la hauteur”. Il note aussi “les rares mesures” de la candidate pour “verdir le budget de l’État”. En cause notamment des propositions “peu détaillées” sur la décarbonation de l’industrie ou sur le doublement promis du rythme actuel de rénovation énergétique des logements.
La candidate a déroulé son programme d’”écologie des solutions” prévoyant notamment 200.000 bornes de recharge électrique, le développement d’un marché de véhicules électriques d’occasion et une “réindustrialisation durable”.
Elle a insisté sur la tenue d’un nouveau “Grenelle de l’environnement”, réunissant membres de la société civile, administration et entreprises pour parvenir à des “solutions consensuelles”, comme durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elle souhaite lancer six nouveaux réacteurs nucléaires EPR et obtenir de l’UE l’instauration d’une taxe carbone à ses frontières.
La copie du candidat Macron n’est pas brillante. Le RAC juge son programme “incomplet” et “parcellaire” et seules la planification écologique et la taxe carbone aux frontières ont pu obtenir ses grâces. Le volet transports ? Emmanuel Macron est “passé à côté de l’enjeu de la réduction des émissions du secteur”, avec un programme “uniquement tourné vers le véhicule électrique”. Son projet de rénovation des logements n’a pas non plus convaincu. Le RAC regrette aussi qu’il n’y ait “aucune mesure de politique climatique internationale” et que le candidat ne s’intéresse pas au “verdissement du budget de l’État”.
Sur le nucléaire, après avoir fermé la centrale de Fessenheim, le chef de l’État a finalement dévoilé un plan sur plusieurs années pour relancer la filière et créer de nouveaux réacteurs. À mettre à son crédit, le dispositif “Ma prime Rénov” qui a été renforcé après la crise du Covid-19 pour permettre aux Français de changer leur chaudière au gaz et au fioul ou les investissements sur l’hydrogène vert dans le cadre de “France 2030″.
Marine Le Pen n’a pas non plus convaincu avec sa réduction de la TVA sur les carburants et le RAC estime que son programme en matière de transports est “incompatible avec les objectifs nationaux de baisse des émissions de gaz à effet de serre” de ce secteur. Elle a également rendu copie blanche en ce qui concerne “la transition environnementale de l’industrie lourde”.
“Rien n’est proposé pour accélérer la transition agroécologique et fournir une alimentation saine”, côté agriculture. Enfin, le RAC regrette que la candidate veuille “démanteler” les éoliennes et s’appuyer “uniquement” sur l’industrie nucléaire. Marine Le Pen veut lancer six nouveaux réacteurs nucléaires EPR et obtenir de l’UE un retrait de la France du marché européen de l’électricité.
Éric Zemmour, en manque de proposition, écope de sept feux rouges
Le candidat “Reconquête!”, Éric Zemmour, n’a pas non plus convaincu et le RAC estime que son programme manque de proposition concrète. Ce qui est le cas notamment pour la transition agroécologique, la diplomatie climatique ou pour un “verdissement du budget de l’État”.
Dans le secteur des transports, le projet d’Éric Zemmour est “incompatible avec les objectifs nationaux de baisse des émissions de gaz à effet de serre”, note le RAC cité par le JDD. Même, sa proposition d’augmenter les vitesses autorisées est vue comme “néfaste pour le climat”. Enfin, il est en “complet décrochage par rapport à l’importance des enjeux en la matière” concernant la rénovation des logements.
Dans son programme, Éric Zemmour dit vouloir lancer au moins quatorze nouveaux réacteurs nucléaires EPR, supprimer l’objectif de réduire en 2035 de 70% à 50% la part du nucléaire, mettre fin à tous les projets éoliens, supprimer les zones à faibles émissions mobilité (vignette ‘Crit’Air’) ou encore revenir aux 90 km/h sur les routes nationales et départementales et aux 50 km/h en ville.
Le programme d’Anne Hidalgo jugé trop imprécis pour être noté
Pas de note enfin pour le programme d’Anne Hidalgo, qui ne manque pas de propositions mais qui est jugé trop imprécis pour le RAC. La candidate dit vouloir une écologie “plus sociale et plus juste”, et le rétablissement d’un ISF climatique pour financer la transition énergétique. Elle a aussi promis “une grande loi foncière” pour permettre à des jeunes de s’installer.
Elle a également promis la reconnaissance du crime “d’écocide” et veut inscrire dans la Constitution “la protection des biens communs, de la biodiversité, le principe de non-régression dans la protection de l’environnement et l’obligation de lutter contre le réchauffement climatique”. Elle souhaite également créer un défenseur de l’environnement ou encore parvenir à 100 % d’énergies renouvelables, sans “sortie précipitée” du nucléaire.
À noter que Philippe Poutou, qui prône une ”écologie radicale” (…) “sous contrôle de la société et de la population”, n’est pas évoqué par le RAC. Dans son programme, il prévoit notamment “l’expropriation” de grands groupes et une agriculture socialisée “entre les mains de la petite paysannerie”.
À voir également sur Le HuffPost: Avant la présidentielle 2022, Greenpeace dévoile une campagne choc sur le climat
Laisser un commentaire