Et si l’intersyndicale organisait un RIP quand même…
Sans surprise, le Conseil constitutionnel a refusé d’engager la possibilité d’un référendum d’initiative partagé (RIP) sur l’âge légal de départ en retraite. A celles et ceux qui continuent à s’opposer à la réforme issue de la seule volonté du prince présidentiel, il reste désormais trois stratégies.
La première est juridique. Le 8 juin, l’Assemblée votera sur une proposition de loi visant à abroger le passage de l’âge légal de 62 à 64 ans. Il faudrait qu’au-delà du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) qui a déposé la proposition, de la gauche et du Rassemblement national, des députés LR et, pourquoi pas, Renaissance, visiblement fatigués pour une partie d’entre eux de devoir soutenir un président isolé, se joignent au mouvement et fassent tomber l’article 7 de la réforme.
Emmanuel Macron en conclurait sûrement qu’il ne lui reste plus qu’à dissoudre l’Assemblée, mais le jeu peut en valoir la chandelle pour des parlementaires faisant face à potentiellement quatre années d’agitation du gouvernement sans rien arriver à faire avancer, quatre ans de perdus. Si cette proposition de loi ne passe pas, il restera la possibilité de contester les décrets d’application de la loi devant le Conseil d’Etat.
La deuxième voie possible est plus conciliante avec le gouvernement. Elle consiste à aller négocier avec lui sur les conditions de travail et le taux d’emploi des seniors. Ce qui aurait dû être fait avant la réforme des retraites serait fait après. De quoi, peut-être, adoucir les conséquences de la réforme mais sans la remettre en cause. Si tant est que le gouvernement soit prêt à une véritable négociation et non pas à enfumer les syndicats comme pour la réforme des retraites.
Reprendre l’initiative
Une troisième voie, non exclusive des deux autres et même très complémentaire, consisterait pour l’intersyndicale à organiser son propre RIP. Bâtir un site internet sécurisé avec contrôle d’huissier réclamerait quelques milliers d’euros. Les syndicats et les opposants à la réforme se donneraient neuf mois pour recueillir cinq millions de signatures.
Le résultat n’aurait bien entendu pas de valeur constitutionnelle, mais un succès représenterait une arme politique forte, un moyen de pression dans le cas d’éventuelles négociations avec le gouvernement et de quoi mobiliser des parlementaires LR et Renaissance pour une nouvelle proposition d’abrogation. Le résultat de ce RIP reste inconnu à ce jour, mais il permettrait à l’intersyndicale de reprendre l’initiative politique sans s’inscrire uniquement dans le calendrier politique décidé par le gouvernement.
Le président de la République ne serait ainsi pas encore au bout de ses peines avec cette réforme qu’il est le seul à vouloir.
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