Faire un film en stop motion : le tuto de Michel Gondry
Les conseils du réalisateur Michel Gondry, maître en la matière.
Michel Gondry, c’est le réalisateur de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Soyez sympas, rembobinez, The Green Hornet… Et sa passion, c’est le stop motion. Cette technique d’animation consiste à faire faire de tous petits déplacements, entre la prise de chaque image fixe, à des objets ou des personnages. Le but : donner au spectateur l’impression qu’ils bougent.
Michel Gondry vient de finir un film pour sa fille. De sa pièce d’animation, il explique à Brut son processus.
« J’ai dit à ma fille de faire une tête de bonhomme, un corps, des bras »
J’avais installé l’iPhone. J’ai dit à ma fille de faire un décor, elle a dessiné. Ensuite, je lui ai dit de faire une tête de bonhomme, un corps, des bras. J’ai tout découpé. Après, on a placé ça sur le décor et je lui ai dit de bouger le personnage un tout petit peu, un tout petit peu, un tout petit peu. Elle faisait vraiment de petits déplacements, c’était très joli à regarder. Ça bouge de manière très, très souple.
J’ai une boîte de choses que j’ai animées. Par exemple, j’ai dû dessiner une dizaine de Tour Eiffel. J’aime beaucoup faire les lettres. Je les garde, mais je préfère les redessiner. Je travaille avec des sharpies. Et mes story-boards.
« Chaque image est un problème à régler et je trouve la solution »
J’ai redessiné le personnage plein de fois. Je le remplace et à chaque fois, il avance un petit peu. Il peut bouger les bras, les jambes, etc. Si c’est un petit oiseau dans le fond, je fais deux positions, deux dessins que je découpe qui font la même taille. Un avec les ailes vers le haut et un avec les ailes vers le bas. Après, je prends deux photos avec les ailes vers le bas et deux photos avec les ailes vers le haut et je le fais en boucle.
Ce qui me plaît beaucoup, c’est que c’est une invention. Chaque image est un problème à régler et je trouve la solution. Quand il faut faire disparaître un personnage, on fait une petite fente dans le décor et il va se glisser en-dessous. Ça a l’air vraiment banal et minimal, mais quand votre esprit est à 100 % dedans… Tout problème minuscule devient un problème majeur à régler, mais d’une façon positive. On ressent une forme de joie quand on a trouvé la solution.
« Il y a deux règles : il faut commencer et il faut terminer »
L’animation, c’est minutieux. Ça prend tellement de temps et ça demande tellement de courage, mais en réalité, si on fait un pas avec un personnage et qu’on le voit, on est tellement content qu’on a envie de faire un autre pas, et un autre pas, et un autre pas. Et on a traversé le cadre direct.
Une fois qu’on a décidé de le faire, il faut aller jusqu’au bout. Il ne faut pas s’arrêter en cours. Il y a deux règles : il faut commencer et il faut terminer. Mais la deuxième règle est encore plus importante que la première. Si vous ne terminez pas, vous ne saurez jamais si c’est raté ou réussi. Donc on n’apprend rien. Parce que si c’est raté, on apprend beaucoup de choses, plus que si c’est réussi !
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