Guerre en Ukraine: accord sur une série de couloirs humanitaires
Situation sur le terrain, aides, sanctions et réactions internationales, conséquences… Le HuffPost fait ci-dessous le point sur tout ce qu’il faut retenir de ces dernières heures.
La situation sur le terrain
Les États-Unis, tout en poursuivant leurs discussions avec la Pologne, ont estimé que la proposition de Varsovie de livrer à l’armée américaine ses avions MIG-29 pour ensuite les remettre à l’Ukraine n’est pas “viable”, a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone.
La Pologne s’est dite mardi prête à “déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions MIG-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne) et de les mettre à la disposition du gouvernement des États-Unis”.
Les premiers civils évacués via des couloirs humanitaires de la ville de Soumy, dans le nord de l’Ukraine, sont arrivés “en sécurité” dans le centre du pays, a annoncé mardi l’adjoint au chef de l’administration présidentielle. Mercredi, une nouvelle trêve est entrée en vigueur pour permettre l’évacuation d’autres civils, a assuré l’armée russe.
Ce qui ne l’a pas empêché, selon les services ukrainiens de secours d’urgence, de bombarder mardi soir la petite ville de Malyn, dans la région de Zhytomyr, à l’ouest de Kiev, où cinq personnes dont deux bébés nés l’an dernier sont morts après la destruction de sept maisons.
Russes et Ukrainiens sont ensuite tombés d’accord dans la matinée pour respecter des cessez-le-feu autour d’une série de couloirs humanitaires afin d’évacuer les civils, a annoncé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
Selon elle, Moscou a confirmé son accord pour respecter une trêve de 09H à 21H locales (08H à 20H heure de Paris) autour de six zones frappées par les combats: des couloirs ont notamment été définis pour évacuer les civils depuis Energodar vers Zaporojie (sud), de Izioum à Lozova (est) et de Soumy à Poltava (nord-est), où un corridor avait déjà permis l’évacuation de milliers de civils mardi.
Plusieurs couloirs doivent également être instaurés pour évacuer vers Kiev les civils depuis plusieurs villes violemment bombardées à l’ouest de la capitale, dont Boutcha, Irpin et Gostomel.
Réactions internationales
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Craintes de Washington
Les États-Unis ont dit mardi redouter que les forces russes puissent “prendre le contrôle” des structures de “recherche biologique” en Ukraine et s’emparer de matériaux sensibles.
“L’Ukraine dispose d’installation de recherche biologique, et nous sommes de fait à présent assez inquiets par la possibilité que les forces russes tentent d’en prendre le contrôle”, a déclaré la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, lors d’une audition parlementaire.
Les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl en Ukraine ont cessé de transmettre des données à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), a-t-elle indiqué mardi.
La Russie a envahi l’Ukraine le 24 février, prenant le contrôle de la centrale nucléaire de Tchernobyl, lieu de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire en 1986. Plus de 200 techniciens et gardes sont bloqués sur le site, travaillant 13 jours d’affilée sous surveillance russe.
Rafael Grossi, le chef de l’AIEA – organisme de surveillance des Nations unies dans le domaine du nucléaire – “a indiqué que la transmission à distance des données des systèmes de contrôle des garanties installés à la centrale nucléaire de Tchernobyl avait été coupée”, a affirmé l’AIEA dans un communiqué.
“Nous nous battrons jusqu’au bout”, a déclaré devant le parlement britannique Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien s’exprimait par lien vidéo, lors d’une intervention visant à obtenir plus de soutien pour son pays après l’invasion russe.
Dans un entretien diffusé par la chaîne américaine ABC, Volodymyr Zelensky a par ailleurs affirmé ne plus vouloir insister pour obtenir l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, une des questions qui ont officiellement motivé l’invasion russe.
Il se dit prêt à un “compromis” sur le statut des territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine dont le président russe Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l’indépendance.
Aides et sanctions
Le président Joe Biden a annoncé mardi avoir ordonné un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes.
Cette décision a été prise “en coordination étroite” avec les alliés des États-Unis, a-t-il précisé.
Le Royaume-Uni va, quant à lui, arrêter d’ici fin 2022 les importations de brut et produits pétroliers russes, a annoncé le gouvernement.
La vente des devises étrangères sera suspendue en Russie jusqu’au 9 septembre, a annoncé mercredi dans un communiqué la Banque centrale du pays, frappé par des sanctions occidentales sans précédent en raison de l’intervention militaire russe en Ukraine.
Les Vingt-Sept ont décidé mercredi d’élargir leurs sanctions contre Moscou et Minsk à la suite de l’invasion de l’Ukraine, notamment en débranchant trois banques bélarusses de la plateforme financière internationale Swift, a annoncé la présidence française du Conseil de l’UE.
Réunis à Bruxelles, les représentants des Etats membres ont également adopté de nouvelles sanctions ciblant le secteur maritime et les cryptomonnaies, et ajouté des dirigeants et oligarques russes à leur liste noire, a-t-elle précisé sur Twitter, des mesures destinées à compléter les trois trains de sanctions adoptés par l’UE ces deux dernières semaines.
Conséquences
- La crise comparable au choc pétrolier de 73 selon Le Maire
La crise énergétique actuelle marquée par une flambée des prix est “comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973”, a affirmé mercredi le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, écartant l’hypothèse d’un nouveau “quoi qu’il en coûte”.
Un deuxième plan massif d’aides publiques, sur le modèle de celui à l’œuvre pendant la crise du Covid-19, “ne ferait qu’alimenter l’augmentation des prix”, a indiqué Bruno Le Maire en préambule d’une conférence sur l’indépendance énergétique, notamment face à la Russie, qui réunit des responsables politiques, des patrons d’entreprises, des spécialistes de l’énergie et des économistes.
“Cela reviendrait à jeter de l’essence sur l’incendie”, a estimé Bruno Le Maire, prenant également exemple sur la stratégie face au choc pétrolier de 1973.
Le nombre de réfugiés qui ont fui l’Ukraine depuis l’invasion par l’armée russe, a dépassé mardi les deux millions, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés.
Depuis le début de la guerre, au moins 406 civils ont été tués et 801 blessés, d’après l’ONU qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.
Le gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, visé par des mesures de rétorsion prises par Berlin et Washington après l’invasion russe de l’Ukraine, est “mort” et ne pourra pas être “ressuscité”, a déclaré mardi une responsable américaine.
La justice allemande a lancé une enquête sur de possibles crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine.
Peu après, la justice espagnole a annoncé l’ouverture d’une enquête sur des “violations graves du droit international humanitaire” découlant de l’“acte de guerre injustifié” de la Russie en Ukraine.
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Nouveaux retraits
McDonald’s et Starbucks ont décidé de fermer temporairement leurs établissements en Russie, tandis que le groupe français de cosmétiques L’Oréal et l’horloger suisse Swatch Group vont fermer leurs magasins.
Le constructeur ferroviaire français Alstom a annoncé suspendre ses livraisons vers la Russie et ses investissements futurs dans le pays, précisant que la valeur de sa participation dans le fournisseur de locomotives et équipements Transmashholding (20%) serait réévaluée dans ses comptes sur son exercice 2021-2022.
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