Guerre en Ukraine: des « discours violents » autorisés sur Facebook et Instagram
“En raison de l’invasion russe de l’Ukraine, nous faisons preuve d’indulgence pour des formes d’expression politique qui enfreindraient normalement nos règles sur les discours violents telles que ‘mort aux envahisseurs russes’”, a expliqué un responsable de la communication de Meta à l’Agence France-Presse. “Nous continuons de ne pas autoriser des appels crédibles à la violence contre des civils russes”, a-t-il tout de même nuancé.
La déclaration de Meta intervient après la publication d’un article de l’agence Reuters, citant des courriels échangés par des modérateurs de contenus du géant des réseaux sociaux. Ils y indiquaient que la mise à jour du règlement s’appliquait à l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Estonie, la Géorgie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et l’Ukraine.
Un risque de débordement envers la population russe
Pour Emerson Brooking, chercheur résident à l’Atlantic Council, un groupe de réflexion américain, les exceptions autorisées par Meta représentent une tentative de s’adapter à une situation extrêmement mouvante et tendue.
“Facebook essaie d’écrire des règles de guerre en temps réel”, résume à l’AFP ce spécialiste de la désinformation en ligne. “La guerre et la violence sont liées de manière inextricable, il est impossible de les séparer.”
Emerson Brooking reconnaît qu’il existe un risque de débordement qui pourrait nuire à la population russe, au-delà de ses seuls militaires et dirigeants politiques. “On observe à travers l’histoire que les actions violentes d’un pays contre un autre mènent à des appels à la violence, à l’intolérance ou à la haine contre les étrangers associés au pays agresseur”, explique-t-il.
“On peut penser aux persécutions aux Etats-Unis contre les Allemands pendant la Première Guerre mondiale ou contre les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale.”
Un précédent sur l’Iran en 2021
Pour autant, le changement proposé par Facebook “désapprouve clairement les appels à la déshumanisation de l’ensemble des Russes”, rappelle Emerson Brooking, ce qui peut placer les modérateurs en difficulté.
Ce n’est pas la première fois que le groupe de Mark Zuckerberg tolère ce genre de publications même si les exemples sont rares: en juin 2021, le réseau avait ainsi autorisé pendant 2 semaines des messages d’opposants iraniens appelant à la mort de l’ayatollah Ali Khamenei.
Twitter n’a pour sa part pas fait d’annonce récente concernant une mise à jour de son règlement sur les contenus violents. La plateforme n’a pas supprimé la semaine dernière un tweet du sénateur américain Lindsey Graham, où l’élu républicain appelait à l’assassinat du président russe Vladimir Poutine pour mettre un terme à la guerre.
Depuis maintenant une semaine, la Russie a bloqué Facebook sur son territoire, en représailles à la décision du groupe californien d’interdire des médias proches du pouvoir (dont la chaîne RT et le site Sputnik) en Europe.
Avec cette décision, la Russie rejoint le club très fermé des pays interdisant le plus grand réseau social du monde, aux côtés de la Chine et de la Corée du Nord.
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