Guerre en Ukraine: L’armée russe poursuit son avancée malgré les sanctions internationales
Ces dernières luttent toujours, ce dimanche 27 février, pour garder le contrôle de plusieurs districts de Kiev et le contrôle stratégique de la base aérienne de Vassylkiv au sud-ouest de la capitale. Un dépôt de pétrole a été frappé dans la nuit par un missile russe près de cette base, sans que les pompiers puissent intervenir en raison des combats aux alentours, a indiqué dimanche à l’aube le chef de l’administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba. L’aéroport principal de la capitale, Hostonel (ou Gostonel), est lui sous le contrôle de l’armée russe et de ses forces aéroportées depuis le premier jour de l’invasion le 24 février.
Deux villes encerclées dans le Sud du pays
Sur les deux autres principaux fronts au nord-est et au sud-est de l’Ukraine, l’armée russe a affirmé dimanche matin avoir encerclé deux grandes villes: le port de Berdiansk sur la mer d’Azov (principal port de la région avec celui de Marioupol) et la ville de Kherson à l’embouchure du large fleuve Dniepr qui coupe le pays du nord au sud.
“Au cours des dernières 24 heures, les forces armées russes ont complètement bloqué les villes de Kherson et de Berdiansk”, qui comptent respectivement 290.000 et 110.000 habitants, a indiqué le ministère russe de la Défense, cité par l’agence TASS. “La ville de Guenitchesk et l’aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle”, a-t-il poursuivi, alors que des forces russes sont entrées jeudi en Ukraine depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
À Kharkiv, deuxième ville la plus peuplée d’Ukraine avec près de 1,4 million d’habitants et proche de la frontière avec la Russie à l’est, les combats se poursuivent également pour le 4e jour consécutif. Plusieurs médias ukrainiens assurent que des soldats russes sont entrés dans la ville ce dimanche matin. Une femme a été tuée lors d’un tir russe samedi soir sur un immeuble résidentiel, selon les secours ukrainiens.
“Il y a eu une percée des véhicules légers de l’ennemi russe dans la ville de Kharkiv, y compris dans la partie centrale”, a indiqué sur Facebook le gouverneur de la région éponyme, Oleg Sinegoubov, appelant les habitants à ne pas sortir de chez eux. “Les forces armées ukrainiennes éliminent l’ennemi”, a-t-il ajouté. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ukrainiens affirme notamment montrer un véhicule blindé russe en feu dans le centre de la ville.
“Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d’autres villes vivent dans des conditions qu’on n’avait pas vues sur nos terres (…) depuis la Seconde guerre mondiale”, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky qualfiant la nuit de “difficile” et parlant “de nouveau des bombardements de quartiers habités” et “d’infrastructures civiles”.
52 kilomètres gagnés dans le Donbass
L’armée russe parle depuis 3 jours d’“avancées” dans la région du Donbass, où elle appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk. 52 kilomètres auraient été gagnés, selon elle. Au total, l’armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes, dont des systèmes de défense anti-aérienne S-300.
Le Kremlin a assuré dimanche être prêt à négocier avec l’Ukraine, proposant comme lieu de rencontre Gomel au Bélarus, pays d’où la Russie a envahi son voisin, tandis que le président russe Vladimir Poutine saluait “l’héroïsme” de ses forces. Une proposition de lieu rejetée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky: “Varsovie, Bratislava, Budapest, Istanbul, Bakou. Nous les avons toutes proposées. Et n’importe quelle autre ville nous conviendrait du moment qu’on ne nous tire pas des roquettes dessus depuis son territoire”, a-t-il assuré dans une vidéo en ligne.
Au moment où ses services évoquaient des pourparlers vendredi, le président Vladimir Poutine avait appelé l’armée ukrainienne à faire un coup d’État et traité les autorités du pays de “clique de drogués et néonazis”.
Réponse coordonnée des Occidentaux
L’intervention russe a poussé samedi soir les Occidentaux à adopter un nouveau train de sanctions plus dures: ils ont notamment décidé d’exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand, qui préside le forum du G7. Une action qui “empêchera les banques d’effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées”, a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Par ailleurs, les partenaires occidentaux ont décidé de restreindre davantage l’accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux, et de “paralyser les actifs de la Banque centrale russe” afin d’empêcher Moscou d’y recourir pour financer le conflit en Ukraine, selon les mots d’Ursula von der Leyen. Les nouvelles sanctions vont enfin s’en prendre aux oligarques russes et à leurs familles pour les empêcher d’obtenir la nationalité de pays occidentaux.
La Russie est désormais un “paria économique et financier mondial”, faisant face à un rouble en “chute libre”, et un groupe de travail “traquera” les “yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe” des oligarques russes, a synthétisé samedi soir un haut responsable américain. “Nous apprécions votre soutien et votre aide réelle en ces temps sombres. Le peuple ukrainien ne l’oubliera jamais!”, a réagi dimanche sur Twitter le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.
Rompant avec sa politique traditionnelle de refus d’exporter des armes létales en zone de conflit, l’Allemagne a annoncé samedi la fourniture à Kiev d’un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air. Washington de son côté a annoncé samedi l’envoi d’une nouvelle aide militaire à l’Ukraine, d’un montant de 350 millions de dollars, alors qu’un haut responsable du Pentagone disait à l’AFP voir “des signes d’une résistance ukrainienne viable”.
“Nous pensons que les Russes sont de plus en plus frustrés par leur perte d’élan au cours des dernières 24 heures, notamment dans le nord de l’Ukraine”, a-t-il ajouté. Les Pays-Bas ont annoncé livrer 200 missiles antiaériens Stinger, la République tchèque a dit envoyer des armes pour une valeur de 7,6 millions d’euros, et la Belgique a indiqué fournir à Kiev 2.000 mitrailleuses et 3.800 tonnes de fuel.
La France a déclaré samedi soir avoir “décidé la livraison additionnelle d’équipements de défense aux autorités ukrainiennes”, et le Premier ministre de l’Australie, Scott Morrison, a annoncé dimanche que son gouvernement fournirait à l’Ukraine “tout le soutien possible en matière d’aide létale”.
Moscou ne donne pas de bilan humain
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme recensait sur son site internet, à la date de samedi, au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité. Selon le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Liachko, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1.115 personnes blessées depuis jeudi.
À travers le pays, des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats, selon l’armée ukrainienne qui affirme aussi infliger de lourdes pertes à l’armée russe. Moscou ne donne aucune information quant à son bilan.
Dans la capitale, désertée par une grande partie de ses habitants, le couvre-feu a été étendu jusqu’à lundi 8h et toute personne dans la rue sera traitée en ennemi, a annoncé le maire, l’ex-boxeur Vitaly Klitschko. Des “unités de sabotage” de Moscou se trouvent dans la ville, mais pas encore des formations régulières de l’armée russe, a-t-il expliqué.
Jusqu’à présent, le ministère russe de la Défense n’a pas évoqué d’offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires. La Pologne affirme que 115.000 Ukrainiens ont franchi la frontière depuis le début du conflit jeudi. Le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés avait auparavant estimé à plus de 116.000 le nombre de réfugiés à avoir fui vers les pays voisins.
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