Hommage à Maradona en Argentine: le palais présidentiel envahi par la foule
INTERNATIONAL – Des incidents survenus à l’intérieur du palais présidentiel argentin à Buenos Aires ont forcé jeudi 26 novembre les autorités à retirer le cercueil de Maradona installé dans une chapelle ardente, tandis que des affrontements ont éclaté avec la police dans les rues alentour (voir la vidéo en tête de cet article).
Le transfert du cercueil dans un autre salon a été confirmé par une source gouvernementale, juste après l’annonce par les autorités de la prolongation de trois heures de la veillée funèbre, qui précède l’enterrement de la star argentine.
Les Argentins s’étaient mobilisés en masse pour un dernier adieu à Diego Maradona: des milliers de supporters ont défilé devant sa dépouille avant l’enterrement prévu en soirée à Buenos Aires, au lendemain de la disparition de l’icône, adulée bien au-delà du monde du football.
Une longue file de milliers de supporters a commencé à serpenter dès l’aube autour de l’historique Place de Mai dans l’espoir d’entrer dans la “Casa Rosada”, le siège de la présidence argentine où était organisée la veillée funèbre jusqu’à 16 heures. Des échauffourées ont éclaté avec la police qui tentait vers 14 heures d’interrompre l’accès à la chapelle ardente.
Un énorme ruban noir ornait l’entrée du bâtiment de pierre rose, dont les drapeaux étaient en berne en signe de deuil national décrété pour trois jours. Le cercueil fermé contenant la dépouille de la légende du football a été recouvert du drapeau argentin et des divers maillots des équipes pour lesquelles Maradona a joué, notamment ceux de la sélection argentine et de Boca Juniors, floqués du mythique numéro 10.
L’enterrement, “avec un service religieux”, était prévu dans la foulée au cimetière Jardin de Paz, en périphérie de Buenos Aires, a indiqué le porte-parole Sebastian Sanchi. Poing levé ou la main sur le cœur, les fans se sont succédé devant les restes de l’idole décédée mercredi à 60 ans d’un arrêt cardiaque.
“C’est un génie, c’est le peuple, c’est nous, c’est la vie et l’amour”, s’est enflammé Andrés Quintero, un restaurateur de 42 ans. “Je ne peux pas le croire, ce n’est pas possible, Diego ne peut pas être mort”, s’est écrié un homme en larmes quittant le palais présidentiel soutenu par ses proches.
Membres de la famille et joueurs en activité ou retraités, notamment des coéquipiers du capitaine argentin au Mondial-1986, s’étaient rendus dans l’intimité à la chapelle ardente avant son ouverture au public à 6 heures du matin.
Émoi planétaire
Dans le quartier de Boca à Buenos Aires, mais aussi en Europe à Naples et Barcelone, hauts lieux de la carrière du “Pibe de Oro” (“gamin en or”), l’émotion s’est emparée des anonymes et des grands noms du ballon rond, de Pelé à Lionel Messi, quelques heures après l’annonce du décès du champion du monde 1986.
En Argentine l’émotion est immense. Des milliers d’admirateurs se sont rassemblés dans la nuit auprès des stades des clubs où Maradona a officié en Argentine: à Buenos Aires (Argentinos Juniors et Boca Juniors), Rosario (Newell’s Old Boys) ainsi qu’à La Plata, où il entraînait la formation de Gimnasia jusqu’à son décès. “Diego, tu es ma vie, tu es la joie de mon cœur”, scandait la foule à l’unisson, le visage de nombreux couvert de larmes.
Et l’émoi est planétaire, symbole de l’aura du défunt: en Inde, pourtant terre de cricket, l’État du Kerala a déclaré deux jours de deuil officiel et un hôtel où l’Argentin avait séjourné a été transformé en mausolée.
À Naples, où Maradona, ancienne icône du club, avait offert au Napoli les deux seuls titres de champion de son histoire (1987 et 1990), des supporters entonnaient des chants à sa gloire devant les grilles d’enceinte du stade San Paolo, qui étaient pavoisées d’écharpes bleu-blanc, de fleurs, de bougies et de pochoirs à l’effigie du numéro 10. L’enceinte pourrait bientôt porter le nom du joueur défunt, la municipalité ayant déjà évoqué cette idée.
Si la planète savait sa santé fragile, l’annonce du décès de Diego Maradona a entraîné un déluge de tristesse dans le monde du ballon rond, où seul le Brésilien Pelé (80 ans) rivalise dans le classement informel des plus grands de l’histoire.
Des chefs d’État de nombreux pays ont également adressé des messages de condoléances, preuve que Maradona a partout marqué les esprits, par ses exploits et ses excès, oscillant entre grandeur et flamboyance d’une part, déchéance, drogue et polémiques de l’autre. En Italie, le quotidien sportif La Gazzetta dello sport regrette “la mort du Dieu du football”. “Dieu est mort”, reprend en chœur le quotidien français L’Équipe.
“Passez outre la tricherie”
Même l’Angleterre, où Diego Maradona a laissé une image controversée en raison de son fameux but de la main face aux Anglais en quarts du Mondial-1986 (la “main de Dieu”, selon les mots de Maradona), salue le génie du petit meneur de jeu.
“Passez outre la tricherie – si vous aimez vraiment le football, alors vous aimez Diego Maradona”, conclut le prestigieux quotidien britannique The Times.
Très affaibli après une intervention chirurgicale pour un hématome au crâne début novembre, Maradona est décédé “d’un œdème pulmonaire aigu secondaire et d’une insuffisance cardiaque chronique exacerbée”, selon les résultats préliminaires de l’autopsie.
La vie de Maradona, né le 30 octobre 1960, a été rythmée par de nombreux problèmes de santé liés aux excès en tous genres qui l’ont parfois fait flirter avec la mort. Comme en 2000 lors d’une crise cardiaque à la suite d’une overdose ou en 2004 lors d’un second arrêt cardiaque alors qu’il pesait plus de 100 kilos.
Maradona avait surmonté sa dépendance aux drogues dures il y a plusieurs années mais avait continué à consommer de l’alcool, des médicaments avec des tranquillisants et des anxiolytiques.
Il était apparu très diminué lors de sa dernière apparition publique le jour de ses 60 ans, et son avocat Matias Morla avait révélé qu’il traversait une période de dépression.
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