Je ne pourrai pas fêter l’Aïd au Maroc en famille, j’ai pleuré quand je l’ai su – BLOG
Je suis Marocaine, et j’habite en France pour mes études. Chaque année, nous célébrons cette fête religieuse en famille, avec mes parents, mes deux frères et ma sœur. Mais cette fois, c’est différent, on ne pourra pas être ensemble.
Pendant le confinement, avec mon frère et ma sœur qui habitent à Paris, on a attendu que la situation se stabilise pour rentrer. Comme les frontières devaient rouvrir mi-juillet entre la France et le Maroc, on avait pris des billets d’avion pour venir passer les fêtes en famille ce week-end, pendant quatre jours.
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Une fête familiale… sans famille
Ma sœur a un bébé de 6 mois, et mes parents ne l’ont vu qu’à sa naissance. Et ça fait autant de temps qu’on n’a pas été tous ensemble, on n’a même pas pu briser le jeûne à la fin du ramadan pour l’Aïd el-Fitr.
C’est très dur d’être loin d’eux, parce que l’Aïd, c’est une fête dans le partage, avec les amis, la famille. Sans les parents, c’est vraiment différent. Surtout que les miens sont divorcés, mais cette fête, on la célèbre chaque année tous les six, c’est vraiment très symbolique pour moi. Peut-être encore plus que de rentrer au Maroc, car ça nous est arrivé de la fêter en France ou ailleurs en voyage, mais toujours en famille.
Et mes parents me manquent. Je ressens cet éloignement au quotidien. La famille, c’est toute ma vie. On s’appelle tous les jours, et comme on est six, ça prend du temps. Mais j’ai besoin de les voir, de les entendre, qu’ils me racontent leur journée même s’ils n’ont rien fait de particulier.
Le mal du pays
Et puis, l’Aïd, c’est vraiment une période super importante de l’année pour moi. Dans l’Islam, on a moins de fête religieuse que l’on passe en famille, on n’a pas l’équivalent de Noël par exemple. Cette année, je ne pourrai pas aller avec mes parents et mes frères et sœur faire notre prière familiale à la mosquée. C’est la première fois que je ne pourrai pas proprement célébrer l’Aïd et ça me rappelle la situation sanitaire dans laquelle on se trouve.
J’ai le mal du pays, le mal du Maroc. Même si cette nostalgie est permanente, c’est encore plus fort cette fois, comme je ne suis pas rentrée depuis longtemps. Pendant l’Aïd, on a beaucoup à manger à la maison, il y a de la musique traditionnelle qui tourne dans la maison à fond toute la journée. Tout le monde est heureux, s’embrasse. On s’habille bien, on mange bien, puis on sort se balader. C’est vraiment quelque chose de très fort.
Rester forte pour la symbolique de l’Aïd
Malgré tout, ça n’est pas un moment triste. Ça reste une fête religieuse très importante pour moi. C’est honorer une partie de l’histoire musulmane, les croyances que j’ai.
Alors je fêterai l’Aïd malgré tout, via FaceTime, en famille, même si ça ne sera pas pareil que les autres années. Je relativise en me disant que je n’y peux rien, que mes parents sont en bonne santé et que le reste de ma famille l’est aussi. Et c’est l’essentiel.
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