La fin du règne des « parents parfaits » sur les réseaux sociaux est-elle venue en 2021?

Impact de la crise sanitaire
“Le phénomène ‘parents imparfaits’ se développe en parallèle du mouvement de libération de la parole en général, mais le confinement a aussi, certainement, contribué à un retour à plus d’authenticité et de sincérité. Il est important de sortir du tabou qui entoure parfois la parentalité, qui jusqu’à maintenant se voulait absolument être une aventure merveilleuse”, analyse la psychothérapeute Karine Grandval, que nous avons contactée.
Dédramatiser
C’est ce qu’a fini par admettre Julie, pendant le premier confinement de 2020. “Mon mari et moi nous intéressions à l’éducation non violente et bienveillante dans les grandes lignes. Mais le confinement a bousculé, voire fait exploser cette parentalité idéalisée. Entre deux postes à plein temps, confinés, mener de front la parentalité et la carrière n’a plus été possible. Nous n’étions ni concentrés sur le travail, ni sur notre enfant, avec des journées à rallonge.”
Elle a alors constaté la même évolution sur les réseaux sociaux qu’elle suivait déjà assidûment. D’autres parents, comme elle, ont commencé à partager leurs difficultés, admis qu’ils font ce qu’ils peuvent, tout simplement. Comme le conseille d’ailleurs Serge Mori. “Essayons juste de ne pas trop culpabiliser et de faire au mieux pour nos enfants”, dit-il.
En partageant pour dédramatiser certaines situations compliquées, Julie a reçu des retours inattendus d’autres parents soulagés de vivre les mêmes “galères”, de personnes sans enfants qui se rassuraient sur la parentalité… Ou tout simplement des abonnés qui la remerciaient de leur avoir donné le sourire.
“Récits de mère au bout du rouleau”
De son côté, et agacée par ces mères “parfaites” qu’elle aime appeler les “Marie-Cystite”, Agnès Labbé, autrice de L’éducation approximative, a également constaté cette “remontada” des parents “imparfaits” longtemps silenciés. “Enfin! Je me retrouve dans ces récits de mères au bout du rouleau, parfois dépassées, souvent agacées par leur progéniture. La parole se libère sur les réseaux, et je n’hésite pas non plus à poster mes coups de mou, mes craquages et mes doutes. L’élan de soutien que je reçois à chaque fois me porte et me réconforte”, conclut-elle, dans ce témoignage.
Pour la thérapeute Perrine Déprez, ce mouvement est salutaire. Elle a d’ailleurs également constaté cette libération de parole: “certains parents se saisissent des réseaux sociaux pour dire leurs souffrances. Pour déposer leur quotidien. Pour sortir de ce qui aurait été attendu d’eux en tant que super parents”, écrit-elle dans cette tribune.
Éviter l’épuisement et l’isolement parental
“ll est intéressant de faire l’éloge de l’imperfection pour tenter de s’éloigner de la maîtrise qui parfois pousse à l’extrême et à la rupture”, justifie le docteur Serge Mori. Accepter ses imperfections, c’est ce qu’analyse aussi Karine Grandval. “Partager un quotidien ‘vraie vie’ est à mon sens très important car cela permet de déculpabiliser les parents, de s’autoriser à traverser des périodes un peu ‘down’ et de se rendre compte que l’on n’est pas seul”, estime la psychothérapeute.
«Je pense même que cette libération contribue à l’égalité entre les hommes et les femmes, à force de dire que nous ne sommes pas meilleures que les pères peut-être que la balance se rétablira et ne penchera plus de façon assommante de notre côté!»
– Angélique Ravisé, maman de deux enfants
Et si aujourd’hui, la parentalité idéale était dans l’acceptation de l’imperfection, de la recherche d’équilibre entre les besoins des enfants et ceux des parents? Et si faire de son mieux était tout simplement la meilleure éducation possible?
C’est en filigrane ce que conseillait dès 2017 “aux nouveaux parents”, le docteur Marcel Rufo. Soyez des “des parents moyens″ c’est-à-dire acceptez d’avoir des défauts et de ne pas être parfaits, disait-il en susbtance..
De son côté, Angélique conclut sur une note féministe. “Je pense même que cette libération contribue à l’égalité entre les hommes et les femmes, à force de dire que nous ne sommes pas meilleures que les pères peut-être que la balance se rétablira et ne penchera plus de façon assommante de notre côté!”.
L’avenir, avec ces enfants d’aujourd’hui adultes demain, nous dira si les parents ont eu raison de revendiquer leur parentalité. Mais une chose est sûre, parfaits, imparfaits, chaque parent est guidé par l’amour qu’il porte à ses enfants.
À voir également sur Le HuffPost: Les parents parfaits n’existent pas, arrêtez de culpabiliser
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