La gratuité des masques aux collèges et lycées vire au casse-tête
Mais alors que l’épidémie de coronavirus continue de progresser de façon inquiétante, et que l’opposition réclame de longue date la gratuité de cette protection lorsque celle-ci est obligatoire, l’idée fait également son chemin dans la majorité.
Dimanche 23 août, le député LREM des Landes Lionel Causse, a officiellement demandé au gouvernement de distribuer gratuitement des “masques alternatifs pour tous les collégiens, les lycéens et les étudiants” pour une durée de 10 à 12 semaines. Une mesure que l’élu marcheur chiffre à 150 millions d’euros et qui a reçu le soutien du vice-président de l’Assemblée nationale, le député LREM de Paris Hugues Renson.
Pour Lionel Causse, il en va autant de “la responsabilité de l’État” dans un contexte de crise sanitaire et économique que de “préserver les valeurs de l’école française” voulant effacer “les inégalités entre les élèves qui disposeront de masques aux normes et ceux qui utiliseront le même masque jusqu’à l’usure extrême”.
Un revirement possible?
Selon Le Monde, Emmanuel Macron et Jean Castex ne fermeraient pas la porte à cette option, compte tenu des risques sanitaires qui pèsent sur la rentrée, et donc, sur la reprise économique, la réussite de la première conditionnant le succès de la deuxième. “A partir du moment où l’Etat rend le masque obligatoire pour les élèves, il est normal que sa prise en charge partielle ou totale soit envisagée”, souffle un conseiller au quotidien du soir, lequel affirme que cette hypothèse sera étudiée lors du prochain conseil défense sanitaire prévue mardi 25 août à l’Élysée. Une information que l’entourage de Jean-Michel Blanquer a refusé de confirmer au HuffPost.
Il faut dire qu’un tel revirement laisserait un goût particulièrement amer au ministre de l’Éducation nationale, qui a multiplié ces derniers jours les arguments contre la gratuité des masques pour les élèves de plus de 11 ans. “L’esprit c’est d’avoir un jeu de masques lavables pour tous les élèves, ça fait partie des fournitures de classe. On a augmenté de 100 euros l’allocation scolaire, c’est considérable, c’est un des grands progrès sociaux de la rentrée”, a-t-il encore souligné ce lundi sur RMC. Un argument qui ne convainc pas ceux qui plaident pour la gratuité, y compris dans la majorité. “Nous avons déjà justifié cette hausse pour des raisons sociales liées à d’autres phénomènes (crise économique, chômage…)”, souligne dans sa proposition Lionel Causse.
Le couple de l’exécutif est donc face un dilemme. En choisissant la gratuité (réclamée par l’opposition, les syndicats enseignants et les Français), il acterait une décision forte, autant sur le plan sanitaire que d’un point de vue social, au prix d’un désaveu cinglant pour le ministre de l’Éducation nationale à quelques jours du retour en classe. Mais en restant sur cette position qui a l’avantage de préserver l’harmonie gouvernementale, le chef de l’État et son premier ministres s’exposeraient à une avalanche de critiques en cas de rentrée gâchée par la covid-19, d’autant que plusieurs élus locaux s’organisent déjà face à “l’inaction” de l’État sur la question.
“Puisque le masque est obligatoire pour les plus de 11 ans mais que le gouvernement n’en garantit pas l’accès par la gratuité, le département prend les devants de l’égalité et choisit d’en distribuer gratuitement à tous les collégiens du département”, a notamment déclaré Stéphane Troussel, président PS de Seine-Saint Denis. Un vrai casse-tête pour le gouvernement.
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