La Ligue 1 en état d’urgence sanitaire, sportif et médiatique
LIGUE 1 – Après la traditionnelle trêve internationale du mois d’octobre -pendant laquelle l’équipe de France a notamment battu l’Ukraine et la Croatie-, la Ligue 1 revient ce week-end pour sa 7e journée.
Mais voilà, ces derniers temps, les nuages se sont amoncelés au-dessus du championnat français, à plusieurs niveaux: sanitaire, sportif et médiatique, au point que celui-ci se trouve aujourd’hui pas loin de l’état d’urgence.
Le Covid-19, qui fait plus que jamais parler de lui dans le pays avec l’instauration ce samedi 17 octobre d’un couvre-feu pour 20 millions de Français, est venu ébranler assez sérieusement le club de Montpellier avec huit joueurs et quatre membres du staff testés positifs jeudi, alors que les joueurs héraultais doivent se déplacer à Monaco dimanche.
Alors certes la tenue de la rencontre n’est pas remise en cause, pour le moment. Le protocole établi par la LFP stipule en effet “que les matches de Ligue 1 et de Ligue 2 seront maintenus tant que 20 joueurs (dont un gardien) sur un effectif de 30 seront testés négatifs”. Mais si trois nouveaux joueurs montpelliérains étaient testés positifs d’ici là, ou même simplement le gardien de but Matis Carvalho (les trois gardiens du club seraient alors positifs et donc indisponibles), la rencontre serait reportée.
Le PSG, déjà décimé par les blessures et suspensions, a lui dû en plus se passer vendredi soir à Nîmes de sa nouvelle recrue portugaise Danilo Pereira, cas contact de Cristiano Ronaldo en sélection portugaise.
Résultat, on se retrouve de plus en plus devant des matches où l’équité sportive est sérieusement mise à mal avec des équipes sévèrement amoindries à cause du virus. Le RC Strasbourg peut en témoigner: durant la fin de préparation estivale et le début de saison, le club alsacien avait été le plus touché de L1 avec 9 joueurs positifs. Résultat, il a commencé son exercice 2020/2021 avec 5 défaites en 6 matches.
On se rappelle aussi de la défaite du PSG le 10 septembre chez le promu lensois (1-0). Ce jour-là, six titulaires parisiens (dont Neymar) étaient infectés et n’avaient pu prendre part à la rencontre.
Jeu pauvre et huis clos
Pour ne rien arranger à ces problématiques d’effectifs réduits et de compétition involontairement faussée, le jeu proposé par les 20 clubs sur les terrains est loin d’être flamboyant, en partie à cause des préparations estivales perturbées. Pire, ce sont même les affiches de notre championnat qui ont le plus déçu. Le PSG-OM du 13 septembre s’est ainsi transformé en un festival d’exclusions (5) lors d’une fin de match hors de contrôle et qui s’est prolongée par la suite par plusieurs polémiques liées à des propos racistes tenus sur la pelouse.
Le OL-OM du 4 octobre, l’“Olympico”, a surtout déçu par la pauvreté du jeu proposé par les deux équipes, habituées à animer le haut du tableau.
Difficile aussi de s’enthousiasmer pour des rencontres disputées dans des stades avec une jauge de spectateurs à 5000 dans le meilleur des cas, passée depuis à 1000 dans de nombreux stades et même désormais au huis clos total pour les matches disputés à partir de 21h en raison du couvre-feu dans 10 métropoles.
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, les finances de tous les clubs du championnat pourraient sérieusement être mises à mal avec la volte-face du diffuseur Mediapro qui souhaite renégocier les droits TV.
Le groupe sino-espagnol, détenteur de la majeure partie des droits de la Ligue 1 et de la Ligue 2 sur la période 2020-2024 pour plus de 800 millions d’euros par an, est en retard sur le paiement d’échéances dues début octobre, estimées par le quotidien L’Equipe à 172 millions d’euros.
Le patron de Mediapro, Jaume Roures, s’est engagé dans un bras de fer avec la Ligue, réclamant un délai de paiement -qui lui a été refusé- et une renégociation à la baisse des droits, que Mediapro exploite par le biais de sa nouvelle chaîne Téléfoot.
Bientôt un nouvel appel d’offres?
La Ligue de football professionnel a contre-attaqué et “mis en demeure” Mediapro de régler ses échéances de droits télévisés et n’écarte pas de se tourner vers d’autres opérateurs, selon un courrier adressé aux clubs.
À court terme, Mediapro s’est placé sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre, ce qui lui permet de geler ses paiements. Pour tenir, la Ligue compte souscrire un emprunt pour pouvoir verser aux clubs, avant la fin du mois, les sommes attendues pour l’échéance d’octobre. Cela doit être acté lundi en Assemblée générale.
Ensuite, il s’agira de savoir si un accord peut être trouvé avec Mediapro ou s’il faudra chercher ailleurs. Le directeur général exécutif de la LFP Arnaud Rouger évoquait encore mercredi ces “deux possibilités”, dans un courrier envoyé aux clubs dans lequel il précise que la garantie de la société-mère de Mediapro, le fonds chinois Orient Hontai Capital, a été activée.
Mais l’hypothèse d’une dénonciation du contrat, suivie d’un nouvel appel d’offres, apparaît chaque jour plus crédible car les diffuseurs, éconduits en mai 2018, n’accepteraient sans doute pas que Mediapro obtienne finalement un rabais. Tous les regards se porteraient alors vers le diffuseur historique Canal+, perdant en 2018, et qui pourrait désormais sortir vainqueur de cette crise…
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