La pauvreté en Belgique, selon la photographe Layla Aerts
La pauvreté en Belgique, c’est le leitmotiv du travail de la photographe Layla Aerts (43 ans), qui a été chargée par le KADOC, un centre de recherche de la Katholieke Universiteit Leuven, de réaliser une série photo sur ce thème. Avec cette série, elle nous rappelle la présence de la pauvreté en Belgique, chose que certain·es ont parfois tendance à oublier, notamment parce que de nombreuses personnes vivant dans ce genre de situation ont tendance à s’isoler du reste de la société.
Layla a pris ses photos dans différentes villes belges – à Gand, Charleroi, Louvain ou encore Bruxelles –, au domicile des personnes photographiées et aux alentours. Avant de recevoir l’autorisation (ou non) de faire le portrait d’une personne, elle explique pourquoi elle pense que c’est important de partager ces histoires. Selon la photographe, le témoignage d’une personne qui vit dans la pauvreté a une grande valeur sociale. Les photos ont d’ailleurs été exposées dans le Tegenwind, une exposition qui retrace l’histoire de la pauvreté en Belgique depuis le début du XIXe siècle.
« C’est seulement quand tu montres que tu n’as pas de préjugés que les gens s’ouvrent à toi. »
Mais gagner la confiance des personnes concernées n’est pas si facile. « Il faut oser être vulnérable. C’est seulement quand tu montres que tu n’as pas de préjugés que les gens s’ouvrent à toi et te racontent l’histoire de leur vie. » Il y a environ un mois, Layla a notamment fait la rencontre marquante de deux jeunes enfants, un frère et une sœur. Lorsqu’elle les a photographié·es, iels lui ont confié qu’iels étaient en Belgique depuis une semaine et dormaient dans la rue. Leurs parents mendiaient ailleurs. Quand Layla a demandé depuis combien de temps iels dormaient dans la rue, le frère lui a répondu que c’était comme ça « depuis longtemps », avant d’ajouter : « J’ai entendu dire que le père de mon père avait autrefois une maison ». Au cours de son reportage, Layla a également remarqué que les familles en situation de pauvreté préservent souvent un lien relationnel fort, vu qu’elles passent beaucoup de temps ensemble. Les parents connaissent leurs enfants sur le bout des doigts. C’est aussi ce lien qu’elle essaye de capter sur pellicule.
« Une bonne photo, c’est une photo dans laquelle l’éthique et l’esthétique s’équilibrent et se renforcent mutuellement. »
Aussi, Layla estime qu’il est important de donner un visage et une voix aux groupes opprimés, tels que les personnes en situation de pauvreté : « Une bonne photo, c’est une photo dans laquelle l’éthique et l’esthétique s’équilibrent et se renforcent mutuellement, dit-elle. La beauté d’une photo peut dissiper la peur et les préjugés. Je suis devenue photographe parce que je crois que les images peuvent ébranler les certitudes. » Selon Layla, son éducation l’a aidée à renforcer cette conviction. Juste après avoir obtenu son diplôme, elle a remporté plusieurs prix qui l’ont aidée à débuter sa carrière dans la photo ; bien qu’aujourd’hui, elle y attache moins d’importance. Elle n’utilise plus son objectif pour gagner des prix, mais pour capturer en images les inégalités qu’elle veut souligner. Engagée socialement, la photographe veut sortir la pauvreté de son invisibilité.
Ci-dessous, une sélection des photos de Layla Aerts.
Vous pouvez aussi jeter un oeil à son travail sur son site.
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