Le film « Les choses humaines » traduit tout le malaise du roman de Karine Tuil
Alexandre Farel, fils de Jean Farel, un journaliste connu du grand public, et de Claire Farel, essayiste féministe, est accusé de viol sur Mila Wizman. Cette dernière est la fille du compagnon de Claire. Mais les deux protagonistes ne partagent pas la même vision de cette nuit. L’un soutient son innocence, quand l’autre affirme avoir été violée. Mais qui a raison, qui a tort?
Un récit tout en tension
Filmé en plan carré, et serré, Les Choses humaines est un film de tension. On se sent dès le début oppressé par l’histoire. C’est tout au long du film, divisé en trois parties (“Lui”, “Elle” et “30 mois après”), que l’on comprend doucement l’histoire et le déroulé de la nuit du viol. Successivement, la soirée du crime est racontée dans les yeux d’Alexandre puis de Mila. Le film se conclut sur le procès, qui dure plus d’une heure, et qui comprend un plan séquence de huit minutes. Un choix qui illustre la brutalité de l’audience, à la fois pour la victime, l’accusé et le spectateur.
Copyright Jérôme Prébois / 2021 CURIOSA FILMS – FILMS SOUS INFLUENCE – GAUMONT – FRANCE 2 CINÉMA
On sait sans savoir
Dans le film d’Yvan Attal ces mêmes malaises sont présents à l’écran, à la différence qu’on sait qu’il y a eu un viol à une soirée. Yvan Attal s’efforce de susciter de l’attachement pour les deux personnages. Alexandre est un garçon brillant, sûr de lui, promis à un avenir radieux. Mila est une jeune fille réservée, timide et blessée.
Yvan Attal retranscrit alors le malaise du livre en amenant le spectateur à se questionner sur l’affaire. Qui est la victime, qui est l’agresseur? La réponse n’est finalement plus si évidente.
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Le poids du procès
Karine Tuil consacre moins de temps que Yvan Attal au procès d’Alexandre Farel. Mais le résultat reste le même. Comme le disait le réalisateur sur le plateau de Quotidien, mercredi 24 novembre: “On sent la responsabilité qu’on a, quand on est dans le jury, de juger son semblable”.
“C’est très déstabilisant, car on a un avis avant de rentrer dans cette salle, puis [l’accusé] est là, on entend des choses de lui, on le voit fragile”, raconte-t-il au sujet d’une audience à laquelle il a assisté pour préparer le tournage. Une déstabilisation qui est clairement retranscrite dans le film.
On comprend la difficulté de juger un tel sujet. Lorsque l’on pense connaitre la vérité, elle est rattrapée par la réalité. Yvan Attal illustre bien ce tiraillement: on juge un crime, mais aussi un être humain. Et comme le jury, on ne ressort pas de la salle de projection, ou de l’audience, le même qu’en y entrant.
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