Le frère d’Hervé Cornara, décapité en 2015, exprime sa colère après la mort de Samuel Paty
“De voir que cinq ans après mon frère, on décapite comme ça un professeur, sur un trottoir, réveille beaucoup de choses en moi. J’en suis malade”, a confié l’homme de 58 ans.
Le 26 juin 2015 à Chassieu (Rhône), près de Lyon, Yassin Salhi, un chauffeur-livreur, assomme d’un coup de cric son employeur, Hervé Cornara, avant de l’étrangler d’une main puis de le décapiter. La tête de la victime avait été retrouvée fixée à un grillage et encadrée de deux drapeaux frappés de la “chehada”, la profession de foi musulmane. Et, dans son téléphone portable, les enquêteurs avaient découvert un selfie macabre, pris avec la tête décapitée, envoyé à un Français connu comme étant enrôlé dans les rangs de l’organisation État islamique dans les zones de jihad en Syrie.
Peu après, Yassin Salhi tentait de faire exploser l’usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), en grande banlieue lyonnaise. C’est alors qu’il était en train d’ouvrir des bouteilles de gaz que des pompiers l’ont surpris, le maîtrisant alors qu’il criait “Allah akbar” (“Dieu est le plus grand”).
“Impossible d’être en paix” pour les familles
Pourtant, Yassin Salhi a toujours nié avoir agi par fanatisme religieux: il attribue plutôt son geste à un différend professionnel avec son patron, marqué notamment par une vive altercation survenue deux jours avant les faits. C’est malgré tout pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste que Yassin Salhi sera mis en examen. L’enquête ne permettra pas d’en savoir plus: il se suicidera en prison six mois plus tard.
Didier Cornara, le frère de la victime, vivait à l’époque en Asie avec sa femme, indique Le Parisien. “J’ai dû revenir en France et j’ai tout perdu”, confie-t-il.
L’homme dit comprendre la douleur que peut ressentir la famille de Samuel Paty. “C’est terrible lorsqu’on vous remet le corps de votre défunt en deux pièces et qu’on vous dit qu’il a été décapité par des fanatiques (…) Il est impossible pour une famille d’être en paix dans une telle situation”, poursuit-il.
“Finalement, ils n’ont rien fait”
Didier Cornara exprime également de la colère face à ce nouveau drame. “Après la mort d’Hervé, plusieurs ministres sont venus nous voir pour nous dire que ce qui s’était passé était terrible, qu’ils n’allaient pas laisser faire, qu’on allait voir ce qu’on allait voir. Finalement, ils n’ont rien fait. Cinq ans après, un professeur est décapité. Et qu’est-ce que je vois à la télé? D’autres ministres qui viennent dire que l’on va faire une journée d’hommage, un rassemblement et une minute de silence…”, se désole-t-il, avant d’interroger: “On attend donc qu’une troisième personne se fasse décapiter?”
Pour le frère d’Hervé Cornara, la France “est en guerre” contre l’islam radical. “Quand je dis ça, ce n’est pas du racisme”, tient-il à préciser au Parisien. Mais “il faut combattre l’ennemi”, notamment en “mettant dehors ces imams, ces prédicateurs et tous ces gens qui prêchent et attisent la haine”. “Lorsqu’on décapite un professeur sur un trottoir, si ce n’est pas une guerre, c’est quoi alors?”
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