Le message d’Yvan Wouandji, aveugle depuis ses 10 ans
Le quotidien d’Yvan, non-voyant
Yvan Wandji a 27 ans. Il a perdu la vue à l’âge de 10 ans. Pour Brut, il décrit son quotidien, et explique en quoi il est possible d’aider les non-voyants en respectant les gestes barrière.
N’ayez pas peur d’aller proposer votre aide aux non-voyants quand ils marchent dans la rue ! C’est le message que veut faire passer Yvan Wandji. « Vous vous posez la question : ‘’Est-ce que je vais l’aider ?’’ Vous êtes souvent hésitants. Et franchement, je vous dirais vraiment : n’hésitez-pas ! Allez-y ! Osez ! Allez lui demander si elle a besoin d’elle. Proposez votre aide. Au pire, elle vous dira non. Au mieux, ça l’aidera et ça nous fera surtout gagner du temps. »
« Avec la crise sanitaire, les gens nous aident beaucoup, beaucoup moins »
Le jeune homme de 27 ans a perdu la vue à l’âge de 10 ans. Au quotidien, il maîtrise de mémoire certains trajets. « Comme pour la plupart des personnes mal ou non-voyantes. Ce sont les chemins, c’est les trajets que je fais régulièrement. » Il prend l’exemple de sa boulangerie : « Ça sent les croissants et les pains au chocolat, et j’avoue que j’en ai envie. Lorsque je suis à la hauteur de la boulangerie, je tourne sur la gauche pour aller chercher le passage pour traverser. Là, je vais traverser parce que je sais qu’il y a une circulation qui va dans ce sens-là. Je sais que face à moi, je peux y être. »
Yvan a néanmoins besoin d’aide pour les chemins qu’il maîtrise peu, ou pas du tout. Et aujourd’hui, il regrette que les passants aident moins les non-voyants depuis la crise du Covid-19. « Avant le confinement, globalement, les gens étaient hyper aidants, venaient naturellement. Mais là, avec la crise sanitaire, en post-confinement, ils nous aident beaucoup, beaucoup moins. Ils osent moins venir vers nous, et d’un autre côté, la demande d’aide est plus compliquée. »
« Ce n’est pas vous qui prenez l’épaule ou le coude ou l’avant-bras de la personne »
Yvan raconte avoir désormais plus de mal à trouver des personnes qui veuillent bien l’orienter. « Ils marchent plus vite, ils sont plus pressés, ils font peut-être moins attention à ce qu’il y a autour d’eux. Je pense qu’il y a aussi la barrière psychologique de se dire que la distanciation, c’est pour tout le monde et à tout moment. Sauf que nous, étant non-voyants, on a besoin d’être aidés. Moi, j’ai le masque. Donc la personne, en venant m’aider, même s’il y a un contact, ce n’est pas pour autant que je vais lui transmettre le virus. »
Si jamais, donc, vous voulez aider une personne non-voyante, faites attention à votre intonation. Car c’est votre voix et la façon dont vous vous exprimez qui pourra, ou non, mettre la personne en confiance. « On ne vous connaît pas. Si vous êtes agressif, si vous nous agrippez par l’épaule, on sera plus réfractaires », indique Yvan. Le jeune homme rappelle par ailleurs que c’est la personne non-voyante qui prend le bras. « Ce n’est pas vous qui prenez l’épaule ou le coude ou l’avant-bras de la personne. La personne non-voyante se met un pas derrière vous, un peu plus sur le côté, et qui vous suit. C’est plus simple, plus facile et plus agréable pour nous de prendre le bras de la personne, de la suivre, et qu’elle nous oriente. »
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