Pourquoi le train est-il si cher ?
Pour Clément Beaune, le train est cher quand on regarde le TGV car celui-ci n’est pas subventionné. Si le gouvernement propose déjà des offres avantageuses comme le TGV Max, la carte Avantage ou les tarifs Ouigo, des aménagements pour TGV sont encore en étude, pour être plus accessible, notamment pour les jeunes.
Le ministre soulève également la question de la concurrence. “On l’a vu sur Paris-Lyon. Quand vous avez de nouveaux opérateurs qui mettent plus de trains en circulation, les prix ont baissé d’environ 20% et l’utilisation du train, même pour la SNCF, et au total, a augmenté d’à peu près 15%. Et donc on voit bien que quand on a plus d’opérateurs et plus de trains, c’est aussi une façon écologique d’avoir des prix plus attractifs. Donc il faut qu’on utilise tous les leviers : l’investissement, la concurrence, parfois des offres soutenues, y compris par l’État, sur les Intercités ou sur les TGV, pour les jeunes.”
Comment réduire l’impact environnemental du transport de marchandises ?
Est-ce qu’un jour, prendre le TGV coûtera moins cher que prendre l’avion ?
Aujourd’hui, l’avion coûte parfois moins cher que le train car il possède certains avantages : il ne paie pas d’énergie ni de taxe sur le kérosène. “Au niveau européen, on est en train d’avoir un débat pour mettre une taxe sur le kérosène, pas pour punir, mais pour que le vrai prix environnemental soit payé.” Pour le ministre, l’avion ne doit pas devenir un produit de luxe car certaines villes de France par exemple, si elles ne possédaient pas de lignes aériennes, seraient totalement déconnectées de Paris ou du reste de l’Europe. “C’est important pour le lien humain, pour le développement des gens. Donc c’est toute la stratégie de décarbonation de l’avion. Mais il faut aussi parfois que, effectivement, l’avantage concurrentiel, compétitif de l’avion soit revu mettre en place”.
Pourquoi ne pas mettre en place un pass mensuel comme en Allemagne ?
Si le ministre trouve l’idée ambitieuse de mettre en place un pass mensuel comme le fait l’Allemagne, il donne deux ans pour que la France ait “un billet ou une appli unique pour les transports, qu’on prenne un TER, un transport type RER en lle-de-France, le métro de la RTM à Marseille, ou par exemple qu’on recharge aussi sur une borne électrique.” L’idée serait donc d’avoir une carte ou une application unique pour toutes ses utilisations, ce qui serait une “énorme simplification”. Vient ensuite la question du tarif unique. “Là, il faut se mettre d’accord entre régions, État, villes, notamment. On a souvent des offres attractives, mais elles sont éparpillées et donc on n’a pas l’équivalent hyper attractif, hyper vendeur du 49 € allemand ou de ce que font les Autrichiens, par exemple. Il y a deux, trois pays européens qui le font, je souhaite qu’on s’y engage aussi. C’est un peu de boulot, l’Allemagne, elle a mis un an à le faire, donc on va essayer de le faire dans les prochains mois.”
En Allemagne, un forfait de 49 euros pour les transports publics
Vers la gratuité des transports en commun ?
Pour Clément Beaune, opter pour une politique de gratuité des transports n’est pas une idée qu’il supporte. Le problème, c’est que ce n’est pas seulement l’État qui choisit cette politique de la gratuité ou non mais ce sont chaque ville et chaque région qui décident de mettre en place ce système sur leur territoire. “Donc je pense que c’est bien comme ça, qu’il y ait des modèles différents en fonction des territoires. Et puis, si on faisait ça, par exemple en lle-de-France, je ne suis pas sûr que ça serait une bonne idée. Pourquoi? Parce qu’il y a des millions de touristes qui viennent chaque année. Moi, je trouve ça normal qu’ils paient une partie de l’effort qu’on fait pour investir dans le transport public. Et il ne faut pas, aujourd’hui, casser les moyens de l’investissement. C’est l’État qui paie, c’est la région qui paie, mais c’est aussi les usagers qui paient une petite partie de cet effort. Et si on passait tout de suite à la gratuité, je pense qu’on aurait un gros problème de qualité de nos transports publics, alors qu’il faut investir.”
Les transports parisiens quand on est en fauteuil roulant
À quand un service de qualité en Île-de-France ?
Pour améliorer ce service, la clé, pour Clément Beaune, est d’investir. “On a vécu un printemps et un hiver derniers très difficiles parce qu’il y avait des problèmes de recrutement, ça s’est en partie amélioré, et on continue à recruter énormément de personnes, plus de 6000 cette année à la RATP.” Le temps pour mettre en place une proposition est également à prendre en compte selon le ministre. “C’est parfois frustrant pour moi, ministre des Transports, mais pour beaucoup qui utilise les transports au quotidien, parce que quand on investit, ça met cinq ou dix ans.” Il explique qu’avec notamment les JO 2024 à Paris en 2024, la ligne 14 pourra gagner huit stations, desservant l’aéroport d’Orly et accueillera quatre nouveaux arrêts. “Ça a pris un peu de temps, mais ça arrive entre 2024 et 2030.”
Comment rendre les transports en commun plus sûrs pour les femmes qui les prennent tard ?
“C’est vraiment une très grande priorité.” Pour lutter contre cette insécurité, les effectifs de sécurité et de police vont être renforcés et déployés progressivement, notamment d’ici les Jeux Olympiques pour “assurer plus de sécurité en Île-de-France, dans les transports publics.” “On a lancé des marches exploratoires avec des associations. Ça consiste à faire une marche dans une station de métro, un point mal éclairé, où il n’y a pas de miroirs, où il y a souvent des gestes, des agressions, et ça, ça peut se réduire aussi avec des petits investissements, des caméras, ou juste repeindre un endroit, éclairer mieux un endroit. Donc il faut faire tout ça à la fois. J’ai lancé une nouvelle campagne de pub, de sensibilisation, si je puis dire, pour que non seulement les victimes sachent mieux qu’il faut appeler, par exemple, le 31 17. Dès qu’il y a un mauvais geste, une insulte, même un sifflement à une fille, c’est inacceptable et c’est sanctionné. Et on va dire aussi que c’est des choses qui sont sanctionnables par les forces de sécurité, pour le montrer à tous les auteurs potentiels.”, ajoute-t-il.
Est-ce qu’il y aura plus de trains de nuit à l’avenir ?
Ces dernières années, deux lignes de nuit sont rouvertes et à la fin de l’année 2023, ce sera au tour de Paris-Aurillac d’être à nouveau fonctionnelle. Il existe notamment un plan pour ouvrir “progressivement dix lignes de trains de nuit en France et en Europe. Paris-Berlin, en train de nuit, fin 2023, ça arrive aussi. Alors, il faut acheter du matériel, ça coûte de l’argent, il faut commander de nouveaux trains qu’on n’avait plus, mais, c’est pour ça que ça prend plusieurs années, on est en train de le faire.”
Est-ce qu’il faut limiter le nombre de billets d’avion par personne ?
Pour le ministre des transports, il faut de la “sobriété dans l’usage de l’avion”. “On a vu, quand on a ouvert en grande vitesse Paris-Marseille. En trois heures en train, le marché de l’avion s’est effondré, spontanément, parce qu’il y avait une alternative en train. Mais si on mettait une sorte de permis, de carte Vitale de l’aviation, par exemple quatre vols dans toute votre vie, qu’est-ce qui va se passer? D’abord, il faut tout vérifier. Vous imaginez, la police de l’air qui vérifie les vols dans votre vie. Honnêtement, je pense que ça ne marcherait pas. Et qu’est-ce qui se passerait si on faisait ça? Il y aurait un marché. Il y aurait des gens très riches qui iraient racheter des droits à voler à d’autres, je ne suis pas sûr que ça soit hyper juste non plus sur le plan écologique. Donc il faut surtout, surtout développer le train et le rendre plus accessible, notamment pour les jeunes.”
Des avions plus écologiques, c’est vraiment pour bientôt ?
Pourquoi ne pas interdire les jets privés ?
Interdire le jet privé ne marcherait pas selon le ministre. 20 % des activités appelées “jet privé” sont du transfert sanitaire, d’organes… Cette interdiction serait alors enfreinte par de nombreuses dérogations qui feraient perdre de la valeur à l’interdit. “La régulation, la taxation, c’est des mesures qui me paraissent plus efficaces.”
Pourquoi les avions sont peu touchés par la pénurie de carburant?
Le prix du carburant est encore trop coûteux
Subventionner “massivement” l’essence n’est pas favorable à la traduction écologique, selon Clément Beaune, qui encourage la voiture au détriment du train et d’autres moyens de transport. “En revanche, quand il y a des périodes de crise et que le prix du carburant explose, on l’a vu l’an dernier, la France, et d’ailleurs, on a été le pays européen qui l’a le plus fait, on a donné des subventions temporaires pour baisser le prix du carburant, des ristournes, ou ceux qui vont au travail qu’on a fait encore en début d’année 2023, un chèque carburant, on l’a assumé, qui vont au boulot et qui n’avaient pas d’autre solution à court terme que d’utiliser leur voiture. Donc, comme les péages, moi, je ne vais pas dire ‘il faut plus de routes’ alors que ça peut polluer davantage, mais quand il y a des crises et des problèmes de pouvoir d’achat, on prend des mesures concrètes: les vacances d’été sur les péages, le soutien temporaire au carburant pour la voiture et on prépare la suite en investissant d’abord dans le train, d’abord dans la décarbonation.”