Le quotidien d’un vétérinaire en zone rurale
Immersion dans le quotidien d’un vétérinaire de campagne
Sébastien Davrou est vétérinaire en zone rurale. Voici à quoi ressemblent ses journées.
20:30, Sébastien reçoit un appel en plein dîner
Eh bien là, on allait passer à table, et puis en fait, non. On va faire un vêlage. Je préfère mille fois être dérangé à 2h du matin plutôt que d’être dérangé à table avec mes filles, mais bon, on ne choisit pas. C’est la dure réalité du métier !
Là, par exemple, je sais que je ne vais pas les voir avant demain matin, parce qu’elles vont être couchées quand je vais rentrer. C’est autant de moments que tu ne passes pas avec elles, et quand on voit à quelle vitesse le temps passe…
Véto rural, c’est ça. Tu ne peux pas être véto rural sans faire de gardes. Tu n’as pas de réseaux de cliniques qui peuvent s’organiser pour faire des tours de garde. Nous, on est tous éloignés les uns des autres, et on n’a pas la possibilité de fermer, de partir en vacances et de ne plus assurer la continuité de soins. On travaille de nuit, de jour, 7j/7,24h/24.
21h, Sébastien va faire un vêlage, mais son téléphone sonne
Alors, déjà, il y a une torsion. En fait, on a l’utérus qui a fait un tour complet.
« – Allo ? J’ai un gros problème avec mon bélier. Il fait que vomir et se moucher depuis à peu près 6h30 du soir.
- Il a un bouchon oesophagien, votre bélier. Je suis sur autre chose, je vous appelle quand j’ai fini ? Ouais, ouais, ouais, je vais passer ce soir. Allez, je vous rappelle tout à l’heure! »
Prends mon petit bâton là, tu tires gentiment dessus. On va essayer de lui faire passer la tête. C’est pas le moment le plus agréable. Allez ma grande. Et voilà ! Bienvenue dans ce bas monde mon loulou !
22h30, Sébastien va voir le bélier
Là, vraisemblablement, d’après la description, on a un bouchon oesophagien. C’est-à-dire que le bélier a mangé tranquillement ses granulés, mais qu’il s’est arrêté d’un coup, puis qu’il s’est mis à baver. Maintenant, il souffre d’une obstruction oesophagienne. On va essayer de lui faire avaler une sonde oesophagienne.
23h30, Sébastien rentre chez lui
Bon, je crois que le bouchon est passé, parce qu’il a déballonné. Pour l’instant, on est tranquille, on va pouvoir rentrer manger. Allez, retour maison.
8h00, Sébastien retourne travailler
On démarre la journée à la clinique. Une première visite est tombée tout à l’heure, sur les coups de 7h30. C’est un veau qui s’est fait casser la patte par une vache. On doit récupérer des résines, des bandes, pour pouvoir lui poser un plâtre. On va prendre du rose, j’aime bien le rose.
09:00, Sébastien va chez un laitier
Pour le bio, les traitements médicamenteux, sont très stricts. On n’a le droit qu’à trois traitements par an et par animal. Pour éviter que les vaches arrivent à trois traitements, on privilégie la phytothérapie. Il y a également un plan « ÉcoAntibio » qui incite les vétérinaires et les éleveurs à limiter leur utilisation d’antibiotiques. On n’utilise pas des antibiotiques à tort et à travers.
Les vaches, elles marchent sur du béton à longueur de journée. C’est un peu comme marcher sur du papier de verre : les pieds ont tendance à s’user, et on perd les structures anatomiques qui leur permettent de bien fonctionner.
Il y a deux pans dans cette activité-là. D’une part, tu vas soulager des vaches malades, qui boitent, qui ont besoin d’être traitées. Mais en lisant les lésions, tu détermines les causes des boiteries, donc la vache va être plus heureuse, et l’éleveur est content.
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