Les chiffres et cartes du Covid en France au 18 février 2022
Aujourd’hui, 3126 personnes sont en soin critiques dans les hôpitaux. A ce rythme, nous atteindrons les 1500 dans la deuxième moitié du mois de mars. Le ministre s’est aussi montré confiant sur la décrue du taux d’incidence: “il est divisé quasiment par deux chaque semaine donc dans quatre semaines, s’il continue sur cette dynamique, on sera revenu à un taux extrêmement faible nous permettant de lever les dernières mesures (…)”, a-t-il affirmé.
Oliver Véran rappelle que le choix de la date des allégements ne se fait pas “au hasard” et repose sur un principe: “plus aucun hôpital n’est obligé de déprogrammer des soins à cause du Covid”. Certains scientifiques avaient reproché au gouvernement de ne pas avoir fixé de seuils pour définir son calendrier de levée des restrictions. L’entourage du ministre nous précise qu’un troisième critère, le nombre de déprogrammations de soins à cause du Covid devra également être maîtrisée.
Pour bien comprendre ce qu’il se passe au jour le jour en attendant la fin de la vague, Le HuffPost vous propose de regarder les derniers chiffres du Covid, mais surtout leur évolution en cartes et en courbes. Un point important à bien avoir en tête avant de poursuivre votre lecture: les données sont toujours publiées dans la soirée. Ainsi, les chiffres à jour ce vendredi 18 février sont ceux publiés la veille, jeudi 17 février.
Il faut également savoir que ce ne sont pas les chiffres du jour, mais ceux à J-1 pour le nombre d’hospitalisations et le nombre de nouveaux cas confirmés. Pour l’incidence et le taux de positivité, ce sont les chiffres du dépistage à J-3 (à la date de réalisation du test) qui sont utilisés.
Les courbes nationales du Covid-19
Jeudi 17 février, la Direction générale de la Santé a recensé 92.345 cas positifs, contre 153.025 une semaine plus tôt.
Si l’on regarde la moyenne sur une semaine (la courbe bleue), on voit que la baisse est toujours forte, avec 99.480 cas recensés contre près de 337.000 dimanche 30 janvier. Une baisse qui ne montre pas de signe d’affaiblissement depuis la fin janvier.
Les chiffres à J-1 sont pratiques pour suivre au plus près l’évolution de l’épidémie, mais sont susceptibles de varier d’une semaine à l’autre en fonction de la rapidité de remontée des résultats. Pour bien s’assurer des tendances, il est préférable de regarder les données publiées par Santé Publique France, qui montrent le nombre de cas à la date du dépistage, avec un retard de trois jours.
Le premier graphique ci-dessous permet de visualiser la part du variant Omicron et du variant Delta dans les cas positifs. Comme on peut le voir, Omicron s’est imposé, et si Delta n’a pas complètement disparu, il représente à peine 300 cas quotidiens au 13 février, contre plus de 114.000 pour Omicron, bien que ce dernier soit en baisse en chiffres absolus.
Les graphiques ci-dessous permettent de voir l’incidence, ainsi que d’autres indicateurs essentiels pour suivre l’évolution de l’épidémie.
On voit que la baisse des entrées en hospitalisation conventionnelle ainsi qu’en réanimation se confirme. Ces dernières étaient sur un plateau, alors même que l’incidence s’effondrait depuis plus d’une dizaine de jours. Le nombre de décès quotidien, qui arrive toujours avec un délai par rapport aux hospitalisations, semble également avoir atteint son pic.
Pour bien se rendre compte de l’évolution récente, voici les mêmes indicateurs, mais en se concentrant sur les deux derniers mois.
Signification des différents indicateurs
- Taux d’incidence: c’est le nombre de cas détectés pour 100.000 habitants. Il est très utile, car il donne un état des lieux de l’épidémie en quasi-temps réel (quelques jours de décalage pour l’apparition des symptômes, voire avant leur apparition pour les cas contacts). Mais il est dépendant des capacités de dépistage.
- Taux de positivité: c’est le nombre de tests positifs par rapport aux tests totaux effectués. Il permet de “contrôler” le taux d’incidence. S’il y a beaucoup de cas dans un territoire (taux d’incidence), mais que cela est uniquement dû à un dépistage très développé, le taux de positivité sera faible. À l’inverse, s’il augmente, cela veut dire qu’une part plus importante des gens testés sont positifs, mais surtout que les personnes contaminées qui ne sont pas testées, qui passent entre les mailles du filet, sont potentiellement plus nombreuses. Pour autant, cette dynamique est rendue difficile à lire depuis la généralisation des autotests, non-comptabilisés.
- Taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19: C’est un chiffre scruté, car il permet de savoir si les hôpitaux sont capables de gérer l’afflux de patients. Il est très utile, car il y a peu de risque de biais: il ne dépend pas du dépistage et les occupations de lits sont bien remontées aux autorités. Son désavantage: il y a un délai important entre la contamination et le passage en réanimation, d’environ deux à trois semaines.
- Entrées en réanimation et nouvelles hospitalisations: moyenne lissée sur 7 jours des personnes entrant à l’hôpital
- Décès à l’hôpital: Comme les réanimations, c’est un indicateur plutôt fiable, mais avec un délai important.
- R effectif: cet indicateur représente le “taux de reproduction du virus” réel, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées par un cas contagieux. Il est calculé par des épidémiologistes et a lui aussi un délai important.
Dans une période si incertaine, il est important de regarder les tendances sur un temps plus long, et notamment la vitesse de croissance ou de décroissance des cas et des indicateurs hospitaliers. Pour cela, il est intéressant de regarder l’évolution sur une semaine, en pourcentage, de ces chiffres:
L’incidence continue sa nette décrue constatée depuis la fin janvier. Les entrées à l’hôpital, suivies des réanimations, ont quant à elles enfin entamé une décrue prononcée.
Toutes les barres pointant vers le bas, on peut dire que le pic de la 5e vague est véritablement atteint (à condition que cette baisse dure).
Le variant Omicron change la forme de la vague
Alors que l’incidence et la positivité ont explosé, il n’y a pas eu de saturation hospitalière aussi importante que dans les précédentes vagues. Pourquoi? Car le variant Omicron, aujourd’hui responsable de 99% des cas, change la donne avec sa sévérité moindre. Difficile de savoir à quel point cette baisse de virulence est liée à ses mutations ou au fait qu’il contamine des personnes vaccinées, et donc fortement protégées contre les formes graves.
Toujours est-il que le décrochage entre cas et hospitalisations ou réanimations est flagrant. Le graphique ci-dessous montre l’évolution du nombre de cas, d’hospitalisations et d’entrées en réanimation en pourcentage par rapport au plus haut atteint lors de la seconde vague de Covid-19, en novembre 2020.
Comme on peut le voir, la différence entre les cas et les hospitalisations ou entrées en réanimations est flagrante avec Omicron. Avant cela, des divergences plus légères sont visibles entre les vagues. Elles sont difficiles à expliquer avec certitudes, mais plusieurs pistes peuvent être évoquées: la sévérité des variants Alpha et Delta, l’évolution de la campagne vaccinale, etc.
Et cette différence entre cas et formes graves est en réalité encore plus importante. Pour comprendre, il faut regarder le graphique suivant, qui montre les personnes entrées à l’hôpital à cause de la maladie Covid-19, ou pour une autre raison, mais qui sont par ailleurs positifs au coronavirus.
Avant le mois de janvier, la part de ces personnes hospitalisées avec Covid était faible, mais comme on le voit, elle a explosé avec la vague Omicron. Attention, le fait de ne pas être hospitalisé pour Covid ne veut pas dire que la maladie ne peut pas aggraver la situation du malade.
Carte du taux d’incidence par départements
Si l’on regarde l’évolution de l’épidémie de manière plus locale, on voit que tous les départements métropolitains sont à la baisse. C’est dans les départements du nord-ouest que la diminution de l’incidence est la plus frappante, avec une chute de près de 50% dans une quinzaine de départements.
Il faut rappeler qu’en France métropolitaine, tous les départements se trouvaient jusqu’ici à des niveaux inédits d’incidence. Mais c’est désormais du passé puisque plusieurs départements sont repassés sous la barre des 1000 (la moyenne nationale est inférieure à 1400). Certains départements, comme la Seine-Saint-Denis, approchent même désormais les 500 cas pour 100.000 habitants.
Le graphique ci-dessous permet d’analyser plus en détail la situation dans votre département (y compris dans les départements et régions d’outre-mer). Dans de nombreux départements, notamment en Île-de-France où Omicron est apparu plus tôt, l’incidence continue sa forte chute, suivie plus récemment du taux de positivité.
La carte du taux d’occupation en réanimation
Du côté des indicateurs hospitaliers aussi la baisse se perçoit dans tous quasiment toutes les régions. Si la tension reste très nette en Paca (84% d’occupation), on voit que l’on est descendu sous les 50% de taux d’occupation en Bretagne, Pays-de-la-Loire et en Normandie.
Une vaccination très efficace, mais qui patine
Comment expliquer cette cinquième vague? Difficile à dire tant le coronavirus réussit à déjouer les pronostics, mais il faut déjà rappeler qu’une hausse était prévisible dès le début de l’automne avec la dominance du variant Delta, bien plus contagieux. Depuis, le variant Omicron est venu jouer les trouble-fêtes.
Une hausse maîtrisée de l’épidémie en plein hiver, avec des mesures limitées (tel le pass sanitaire, le port du masque, l’aération des lieux clos, etc.), n’était possible que grâce à la vaccination. Si le vaccin ne protège pas à 100%, il réduit le risque d’infection et baisse drastiquement le risque de développer une forme grave du Covid-19.
Aujourd’hui, 79% de la population est doublement vaccinée (et 57% triplement), comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, avec des disparités entre les classes d’âge. Les enfants sont par exemple très, très, très peu vaccinés contrairement aux 70-80 ans qui sont 99% à avoir reçu une dose.
Mais on sait maintenant que l’efficacité du vaccin contre l’infection baisse avec le temps, notamment six mois après la vaccination, et encore plus avec le variant Omicron. La protection contre les formes graves de Covid-19 reste élevée, mais semble tout de même diminuer, notamment chez les personnes âgées.
C’est pour cela que de nombreux pays, dont la France, ont lancé une campagne de rappel. Dans ses prévisions de fin novembre, l’Institut Pasteur estime qu’une dose de rappel, en réduisant encore plus le risque d’hospitalisation des personnes les plus à risque et en diminuant le risque d’être infecté, peut faire baisser le pic des hospitalisations en théorie. Ainsi, un rappel pour les plus de 65 ans diminue la hauteur du pic de 20%, alors qu’un rappel pour l’ensemble des adultes le fait chuter de 44%.
La fulgurance du variant Omicron rend cette troisième dose encore plus indispensable.
Des vaccins toujours efficaces face au Covid-19
L’efficacité des vaccins et de la troisième dose se voient facilement si l’on analyse le nombre de personnes vaccinées ou non-vaccinées positives, hospitalisées ou en réanimation.
Il faut par contre faire attention: plus de 91% des adultes sont vaccinés. Il est donc logique qu’il y ait beaucoup de personnes vaccinées dans les hôpitaux. Mais si l’on compare à effectif égal (combien d’hospitalisés pour un million de vaccinés, versus combien d’hospitalisés pour un million de non-vaccinés), on voit bien que le vaccin est très efficace.
La preuve avec les graphiques ci-dessous. On y voit également que le rappel augmente encore plus l’efficacité du vaccin.
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