Les dangers de la concentration de l’emploi
Biars-sur-Cère, située à la confluence de la Dordogne et de la Cère, est une petite ville étrange de 2 100 habitants. Pas de vrai centre-bourg historique, du bâti plutôt neuf en pleine campagne, et une importante zone industrielle construite autour d’Andros, mastodonte de la confiture, des jus de fruit et des compotes. Andros, c’est désormais un peu plus de 1 500 salariés à Biars, faisant de l’entreprise un géant sur ce territoire rural du département du Lot.
Andros est-il une chance pour le Lot ? Bien sûr. Mais cette dépendance à un gros employeur peut également poser des problèmes, rappelle une étude récente du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cépii). Comme dans beaucoup de départements ruraux, l’emploi dans le Lot est très concentré entre quelques gros employeurs. Si l’on souhaite travailler dans l’industrie agroalimentaire dans le nord-est du département, il y a de bonnes chances qu’on pointe chez Andros. D’autant plus que les Français déménagent peu et ne changent pas facilement de secteur, notent les autrices.
Conséquence : « Toutes choses égales par ailleurs, le salaire moyen serait inférieur de près de 6 % dans un marché du travail [concentré comme dans l’industrie] par rapport à un marché du travail au niveau de concentration moindre, comme dans les services. » Les grosses entreprises qui captent beaucoup d’emplois sur un territoire se retrouvent en effet en position de force pour déterminer les salaires.
Inégalités salariales
Autre conclusion de l’étude : cette pression sur les fiches de paye touche surtout les bas salaires, pendant que « les 1 % les mieux rémunérés sont préservés, voyant même leur salaire augmenter lorsque la concentration s’accentue ». Un ingénieur aux compétences très spécifiques sera choyé dans le Lot, car il n’est pas forcément simple de le faire venir à Biars. L’ouvrier à la chaîne, lui, devra accepter un faible salaire, car il n’a pas forcément d’alternative.
Outre la question des salaires, la concentration des emplois est une source de fragilisation des territoires ruraux, qui se retrouvent parfois dépendants de la bonne santé d’un très petit nombre d’entreprises. A Biars-sur-Cère, personne ne se plaint d’avoir Andros sur sa commune. Mais ce petit coin du Lot irait encore mieux si davantage d’entreprises parvenaient à émerger.
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