Les Ehpad Orpea épinglés dans un livre, Oliver Véran envisage une enquête
“Je prends très au sérieux le livre. Je vais néanmoins attendre des éléments factuels venant d’autorités d’évaluation et de contrôles indépendantes et attendre ce que le groupe en question va nous répondre”, a-t-il déclaré sur LCI, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous à partir de la 29e minute.
Dans Les Fossoyeurs, le journaliste indépendant Victor Castanet décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont “rationnés” pour améliorer la rentabilité du groupe d’Ehpad privés. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort -près de 6500 euros par mois pour une chambre d’“entrée de gamme” à la résidence “Les Bords de Seine” de Neuilly, pointe ainsi l’auteur.
Or les maisons de retraite, même privées, bénéficient d’importants financements publics, de la part de l’État et des conseils départementaux, souligne le journaliste, pour qui “au moins de manière indirecte, une partie de cet argent public ne va pas au bénéfice des personnes âgées”.
Une auxiliaire de vie raconte par exemple à quel point elle devait “se battre pour obtenir des protections” pour les résidents. “Nous étions rationnés: c’était trois couches par jour maximum. (…) Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie”, raconte cette femme, Saïda Boulahyane.
Après la publication de ces accusations dans Le Monde lundi 24 janvier, le titre Orpea à la Bourse de Paris a dévissé de plus de 16%, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande du groupe. Et d’autres gestionnaires privés de maisons de retraite ont également fait les frais de cette polémique: au cours de la séance, le titre Korian a perdu plus de 14% et celui de LNA santé plus de 5%, dans un marché globalement en très forte baisse de près de 4%.
Orpea dénonce des “accusations mensongères”
Si le ministère de la Santé attend des explications de la part d’Orpea, le groupe a déjà dénoncé dans un communiqué des “accusations que nous considérons comme mensongères, outrageantes et préjudiciables”. Le groupe indique avoir saisi ses avocats pour donner “toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire”, à la publication du livre, afin “de rétablir la vérité des faits”.
“Nous avons toujours placé la qualité avant le financier”, s’est défendu lors d’un point presse le directeur général du groupe, Yves Le Masne. Selon lui, les témoignages à charge recensés dans le livre émanent d’une minorité d’anciens collaborateurs de l’entreprise qui ont nourri une “rancœur” à son encontre après l’avoir quittée.
La direction a également dû répondre à d’autres accusations publiées lundi, cette fois par Mediapart: selon le média d’investigation en ligne, le groupe a commis de fréquentes irrégularités dans le recrutement de ses salariés en CDD, en mentionnant sur leur contrat, comme motif d’embauche, le remplacement de collaborateurs en CDI, qui, dans les faits, “n’existeraient pas”.
“C’est faux, il n’y a jamais eu de faux contrats de travail”, a répondu lundi Yves Le Masne, pour qui l’entreprise n’a aucun intérêt à privilégier les embauches en CDD. Dans un contexte récurrent de pénurie de personnel, ce sont souvent les salariés eux-mêmes qui refusent un CDI pour garder leur liberté, selon lui.
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