L’histoire de la bise
L’histoire de la bise
Saviez-vous que le baiser sur la bouche entre homme a longtemps été quelque chose d’habituel pour se dire bonjour ? Pour en savoir plus, c’est par ici.
Drame pour les Français ! En cette période de Covid-19, on ne peut plus se faire la bise. Et ça fait plus de deux mois que ça dure. À défaut de pouvoir frotter sa joue à celle de son voisin, on peut toujours en apprendre plus sur les origines de cette tradition qui paraît bien étrange à certains peuples… Petit résumé par l’historien Thomas Snégaroff.
Le baiser Brejnev-Honecker
Il y a un baiser très célèbre, entre Brejnev et Erich Honecker, le leader de l’Allemagne de l’Est communiste. On l’appelle le baiser fraternel socialiste ou le « baiser Brejnev », puisque c’est Leonid Brejnev qui a le plus souvent embrassé ses collaborateurs et ses homologues d’autres pays.
Ce baiser sur la bouche a étonné, il étonne encore aujourd’hui. Mais il a disparu, il est même aujourd’hui interdit par la loi. En Russie en effet, depuis 2013, il est interdit – par les lois homophobes de Vladimir Poutine – pour deux hommes ou pour deux femmes de s’embrasser sur la bouche dans l’espace public, même s’il ne s’agit pas d’un baiser amoureux. On a donc déjà eu dans l’histoire des bisous qui ont disparu, qui ont été interdits.
Pas de bise en Inde et en Chine
La pratique qui va peut-être disparaître quand on va se croiser dans la rue, c’est la bise. Dans des tas de coins dans le monde entier, ça ne posera aucun problème, parce qu’on ne se fait quasiment jamais la bise. En Inde et en Chine, par exemple. C’est quasiment la moitié de l’humanité. Mais aussi dans des tribus, comme chez les Tongas au Mozambique. Là-bas, c’est considéré comme absolument immonde de se faire la bise. Aux États-Unis, on fait plutôt le hug, le câlin en français.
Une multiplicité de bises en France
En revanche, il y a un pays dans lequel la bise est une tradition, c’est la France. On devrait d’ailleurs dire « les bises ». On peut embrasser une fois, comme dans le Finistère, en Bretagne. On peut embrasser deux fois, comme dans le Nord de la France. On peut faire trois bises, comme à Montpellier ou dans le Massif Central. Ou même quatre bises, comme dans les départements autour de l’Île-de-France, par exemple dans la Marne.
Toutefois, on constate aujourd’hui une convergence vers deux bises. Beaucoup regrettent la disparition de ces spécificités. Il y a même une organisation en Bretagne qui lutte pour maintenir le « un bisou » pour se dire bonjour et ne pas céder au parisianisme des deux bises.
Une tradition assez récente
Il y a une vraie tradition de la bise en France, mais sachez tout de même qu’au XIXe siècle, en France, seules les femmes se font la bise. La bise entre les hommes et les femmes pour se dire bonjour, quand on n’est pas de la même famille, c’est assez récent. C’est vraiment dans les années 1970 que la pratique se diffuse. La bise entre hommes, entre collègues par exemple, entre potes, ce sont des pratiques très récentes. On a une tradition, mais elle évolue avec le temps. Et son origine n’est pas française.
Une codification en fonction des gens qui se rencontrent
Le baiser pour se dire bonjour ou le baiser dit protocolaire, comme entre chefs d’État ou quand on remet une médaille à quelqu’un, cela signifie « je respecte ta victoire et je te rends hommage par ce baiser. » Ça date de l’Antiquité. On en a des traces chez les Romains, chez les Hébreux. Hérodote, le père des historiens, raconte que chez les Perses, quand vous avez deux hommes de même rang qui se croisent, ils s’embrassent sur la bouche. En revanche, quand ils sont de rang différent, ils s’embrassent sur les joues.
On a une codification en fonction des gens qui se rencontrent, et on remarque que dans l’histoire, les hommes s’embrassent beaucoup, notamment dans la Bible. Le Christ embrasse les apôtres. Même Judas, au moment de trahir Jésus, l’embrasse. C’est d’ailleurs en l’embrassant qu’il indique aux autres que c’est Jésus qu’il faut arrêter.
Le baiser sur la bouche entre homme a longtemps été quelque chose d’habituel
Il y a donc une vraie histoire du baiser. Ce n’est pas qu’un baiser pour dire bonjour, il peut marquer la trahison. Le baiser de Judas est vraiment emblématique. Mais le baiser marque également une forme de fidélité entre deux personnes. Au Moyen-Âge, le seigneur et le vassal s’échangent un baiser sur la bouche. C’est le signe d’une fidélité absolue. Pas de rapport amoureux entre eux évidemment, mais un rapport de fidélité entre deux hommes.
Le baiser sur la bouche entre homme a longtemps été quelque chose d’habituel, de rituel, dans nos sociétés. Il disparaît à la Renaissance, et on commence à avoir un baiser essentiellement affectueux. Soit amoureux, soit dans le cadre de la famille, car c’est important pour les relations entre les parents et les enfants.
Et aussi entre les amis, on s’embrasse comme un signe d’amitié, de reconnaissance. On n’embrasse pas n’importe qui, et c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui. On embrasse les gens qu’on aime, les gens qu’on apprécie. C’est aussi un signe de reconnaissance et d’appartenance à un même groupe social.
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