Maternité et post partum: un fossé parfaitement illustré par cette BD
Dans leur bande-dessinée “La Remplaçante” qui sort le 12 mai aux éditions First, l’autrice Sophie Adriansen et l’illustratrice Mathou traitent de la dépression post-partum et reviennent sur des épisodes qui parlent sûrement à toutes les mères après une grossesse. Elles évoquent également à travers la BD ce fossé existant entre l’idée que l’on se fait de la maternité et la réalité après l’accouchement.
“La Remplaçante”, c’est l’histoire de Marketa, une jeune femme qui vit bien sa grossesse et qui a hâte de rencontrer son enfant. Seulement, les choses se compliquent pour elle lors de l’accouchement. Suite à cet évènement traumatisant, elle fait une dépression post-partum et s’imagine alors une “remplaçante”, une femme qui serait une meilleure mère qu’elle et une meilleure version d’elle-même.
C’est ce qu’a vécu l’autrice Sophie Adriansen, à qui est venue l’idée du scénario. “J’ai eu une dépression post-partum pendant près de trois ans après la naissance de mon premier enfant”, confie-t-elle au HuffPost. “J’avais donc imaginé une remplaçante qui ferait les choses mieux que moi, qui serait une meilleure mère et épouse. C’était une mécanique de dissociation”.
Ce mécanisme s’apparente aux symptômes de la dépression post-partum: les mères qui souffrent de cette pathologie ressentent alors un sentiment de culpabilité, de dévalorisation et de honte ce qui a des conséquences sur leur santé mais également sur la relation de la mère et son bébé.
L’autrice qui a mal vécue sa première maternité s’est alors promis que ce sera différent à la naissance de son deuxième enfant. “Et c’est à ce moment, à la maternité, que le scénario de la BD ‘La Remplaçante’ est né″, raconte Sophie Adriansen.
Un concept ancré dans la société
En effet, avant le mouvement #Mon post-partum, lancé sur les réseaux par la sociologue française et féministe Illana Weizman et développé sur les réseaux sociaux en 2020, il y avait encore peu de témoignages sur les mauvaises expériences pendant et après l’accouchement. La période de dépression qui pouvait s’en suivre était encore peu connue. Pourtant, cette pathologie toucherait 10 à 15% des femmes selon Santé publique France.
“Heureusement que l’on est beaucoup plus renseigné aujourd’hui, et ce dès le plus jeune âge”, continue-t-elle. “Le fait de le dire, d’anticiper, permet aux femmes de mieux vivre l’accouchement et le post-partum”, dit l’illustratrice.
Elle insiste sur le fait qu’il n’y a rien de mal à ne pas se sentir bien après un accouchement. Et les autrices le montrent parfaitement à travers la BD en mettant en opposition les souhaits de l’héroïne et la réalité qu’elle vit après son accouchement.
Sophie Adriansen expose donc ce fossé et souhaiterait sortir de ces standards et de ces injonctions. “Je trouvais important de montrer dans la BD que chacune a son propre rythme, chacune a un corps différent et c’est ok”.
En plus d’avoir représenté la période d’incertitude que certaines femmes traversent après la maternité, la BD dépeint la réalité à travers les illustrations.
“Je souhaitais vraiment que mes illustrations soient crédibles et que la force du texte soit mise en valeur”, dit Mathou. Si les personnes à qui elle a fait lire la BD ont jugé ses illustrations “cash”, pour elle, ses dessins représentent simplement la réalité.
Et tout comme l’autrice, Mathou s’est servie de sa propre expérience pour dessiner la maternité du personnage de Marketa et raconter les différentes étapes par lesquelles passe son héroïne, des doutes à l’acceptation de soi.
À voir également sur Le HuffPost: Illana Weizman raconte son post-partum et le tabou qui l’entoure
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