Mort de Jacqueline Sauvage: Muriel Robin se souvient d’un tournage « insoutenable »
En 2018, Muriel Robin s’était glissée dans la peau de Jacqueline Sauvage pour raconter son histoire dans le téléfilm “Jacqueline Sauvage: c’était lui ou moi” réalisé par Yves Rénier et diffusé sur TF1. “C’était insoutenable pour moi, pour l’équipe. Un silence de mort après chaque prise, et c’était en faux…”, évoque la comédienne sur Europe 1. “On peut donc imaginer en vrai… Mais on a mis quand même le doigt et le cœur sur la souffrance qu’elle pouvait ressentir”.
Au moment de la diffusion du téléfilm, Muriel Robin avait déjà témoigné de ce tournage éprouvant. “Le tournage de Jacqueline Sauvage, dans lequel j’ai pu ressentir ce que pouvait être ‘en vrai’ la violence conjugale, ne m’a pas laissée indemne, écrivait l’actrice dans une pétition en ligne pour “Sauvez celles qui sont encore vivantes”. Je suis, depuis, connectée avec toutes ces victimes (femmes, hommes et enfants). Il était de mon devoir de citoyenne de prendre la parole pour qu’elles ne se sentent plus abandonnées.”
“Des silences lourds, des larmes parfois”
Muriel Robin racontait en détail au JDD les scènes choquantes tournées avec Olivier Marchal sous les traits de Norbert Marot, le mari violent. “Il me secouait, me tirait du lit, me balançait dans les escaliers, décrivait-elle. J’avais des bleus partout! Ces mots humiliants, ces regards, ça pue, ça vous colle. Il y avait des silences lourds sur le plateau, des larmes parfois. Chacun pensait: nous, on le joue une fois pour de faux, mais pendant ce temps, des femmes vivent cela tous les jours”.
Des scènes que Olivier Marchal lui-même avait eu du mal à jouer. “Je n’assumais pas toujours ce que j’avais à jouer, mais il ne faut pas réfléchir quand on incarne un salopard comme Norbert Marot, expliquait-il à Télé 2 Semaines. Pour deux ou trois scènes, notamment celle du repas, très violente, j’avoue m’être un peu désinhibé avec l’alcool, juste de quoi pouvoir jouer. Tourner la séquence où je pousse Muriel dans l’escalier et où je l’insulte a également été horrible. Je me suis même excusé auprès d’elle. Ce qui est dur finalement, c’est de savoir que des mecs comme ça existent”.
Pour l’actrice toutefois, cette incarnation dans le sens littéral du terme faisait partie de son métier, mais aussi de sa condition de femme. “C’est ça être comédienne! On n’est pas là pour inventer, mais pour vivre la situation, a expliqué Muriel Robin à Télé Poche. J’avais quelques bleus, j’ai été brûlée avec des produits de vieillissement, oui, mais on s’en fout. Je peux donner beaucoup de ma personne pour dire à ces femmes: ‘Je suis avec vous.’ C’est un acte citoyen.”
“Il y a plein de Jacqueline Sauvage en France”
À l’époque, Muriel Robin avait révélé avoir été elle-même “maltraitée” dans une relation. À Paris Match, l’actrice expliquait n’avoir “jamais reçu de coups”, mais avoir subi de la “violence verbale”. “Pendant plus de 10 ans, j’ai été dans une histoire d’amitié très nocive. Le jour où j’en ai pris conscience, j’ai tout arrêté. Pour ne pas se retrouver seule, on est prête à accepter n’importe quoi. Je sais ce que c’est d’être une victime. Les hommes savent très bien quand ils s’adressent à une femme qui n’a pas grande estime d’elle-même. Ce qui a longtemps été mon cas”.
Devenue depuis une figure engagée de la lutte contre les violences faites aux femmes, Muriel Robin assure ce mercredi 29 juillet sur Europe 1 que “la souffrance de Jacqueline n’aura pas servi à rien. En revanche, la souffrance de beaucoup d’autres, plus de 300 par an, n’est pas entendue.”
“Il y a plein de Jacqueline Sauvage en France et dans le monde. On ne fait pas assez pour elles. Qui aura ces cadavres sur la conscience ? On a avancé avec le cas de Jacqueline Sauvage, mais dans le même temps on recule. On continuera de se battre”, a-t-elle encore alerté.
À voir également sur Le HuffPost: Dupond-Moretti se voit reprocher son “silence” sur les violences conjugales
Laisser un commentaire