Où va l’argent de la santé ?
La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. La pandémie de Covid-19 l’a montré à nouveau. Si les dépenses exceptionnelles de santé ont brutalement augmenté en France, à hauteur de 15 milliards d’euros, les baisses des consultations en cabinet de ville devraient limiter cette hausse à 10 milliards.
Le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale, qui est anticipé au niveau historique de 30 milliards d’euros, est pour l’essentiel dû à une baisse des recettes à la fois sous l’effet de la contraction de la masse salariale et donc des cotisations sociales (– 7,6 %) et de la baisse des recettes fiscales, la TVA notamment (– 8,4 %).
Le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale est anticipé au niveau historique de 30 milliards d’euros
Ces données doivent toutefois être appréciées au regard des dépenses de santé dans leur ensemble. Ainsi, la « consommation de soins et biens médicaux » (CSBM), qui couvre le périmètre le plus restreint, en gros les médicaments et les consultations en ville et à l’hôpital, représente 208 milliards d’euros de dépenses publiques et privées en 2019.
De même, l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam), qui regroupe les dépenses publiques de santé (la part publique de la CSBM, les indemnités journalières maladie et accidents du travail, les soins de longue durée aux personnes âgées et aux personnes handicapées en établissement…), initialement prévu à 206 milliards d’euros, est désormais évalué à 215 milliards d’euros pour 2020.
Après avoir été tirées par un développement volontariste de l’offre de soins hospitaliers notamment pendant les Trente Glorieuses, les dépenses de santé sont depuis les années 1970 et surtout 1980 perçues comme une charge qui doit être maîtrisée, bien que les besoins continuent de croître, notamment avec le vieillissement de la population.
Enfin, même observation si l’on considère la dépense courante de santé, l’agrégat le plus large utilisé dans les comparaisons internationales : outre les postes précédents, il comprend les dépenses de prévention institutionnelle (vaccins, dépistage) ainsi que les coûts de gestion du système de santé, et s’élevait à 276 milliards d’euros en 2018. Bref, attention à regarder les chiffres, tous les chiffres.
Exception faite des Etats-Unis, qui caracolent en tête, la France est, parmi les pays membres de l’OCDE, celui qui consacre à la santé une part non négligeable de son produit intérieur brut (PIB), à hauteur de 11,2 % en 2018. Pourtant, si l’on regarde la part d’argent public consacré à l’hôpital public, on constate que l’Hexagone se situe derrière les autres pays d’Europe occidentale. Et ce, malgré un système de santé où le poids de l’hôpital est régulièrement jugé trop grand (le fameux hospitalo-centrisme français).
Parmi les dépenses de santé, il est aisé d’ isoler la prévention institutionnelle. Elle regroupe la prévention individuelle primaire (vaccination, 3 milliards d’euros) et secondaire (dépistage, 700 millions d’euros), ainsi que la prévention collective sur les comportements (300 millions) et l’environnement (2 milliards). Même en ajoutant d’autres actions menées au fil de l’eau, comme les examens gynécologiques, la France dépense peu pour la prévention. La prévention totale, avec 15 milliards d’euros, représente 5,4 % des dépenses de santé. La prévention institutionnelle n’en représente que 2,2 %.
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