Pourquoi déteste-t-on les messages sans réponse ?
C’est quoi, le ghosting ?
Deux personnes sur trois affirment souffrir de ne pas obtenir de réponse lorsqu’ils envoient un message. On vous explique pourquoi.
Deux personnes sur trois affirment souffrir de ne pas obtenir de réponse lorsqu’ils envoient un message, selon une étude Occurrence pour l’autrice et conférencière Malene Rydahl. « Ça réveille toutes nos insécurités, celles de ne pas être assez bien, de ne pas être aimé. On peut développer des scénarios totalement absurdes, grotesques », développe l’autrice. Ne pas répondre, cela a un nom : le ghosting.
« L’espace de malentendus, des incompréhensions, est vraiment énorme »
Et le ghosting est encore plus dur à supporter quand la messagerie est équipée d’une fonction « vu » ou « lu ». « Ça déclenche le temps, le minuteur commence à se mettre en route à partir du moment où on se dit : “Bah, le message a été lu, je l’ai vu” », analyse Malene Rydahl. On appelle cela la surveillance digitale mutuelle.
À l’heure du numérique, les relations essentiellement digitales sont légion. D’où la multiplication des risques de non-réponse à un message. Pendant le confinement par ailleurs, ces relations textuelles étaient, pour beaucoup, les seules interactions sociales de la journée. « L’espace de malentendus, des incompréhensions, est vraiment énorme là-dedans. Surtout si on attend une réponse, de surcroît dans des périodes où on est confinés. On se dit : “Mais la personne est chez elle, donc elle devrait répondre tout de suite’’ », explique Malene Rydahl.
La charge mentale en cause
Près de 80 % des gens perçoivent négativement les personnes qui ne répondent pas, toujours selon l’étude Occurrence pour Malene Rydahl. Mais pourquoi est-ce qu’on ne répond pas, au juste ? D’abord à cause de la charge mentale, selon la conférencière. « “J’ai trop de messages’’, ‘’je n’ai pas assez de temps” et “j’ai oublié”. Ça n’a rien à voir avec la personne qui a envoyé le message », rassure-t-elle.
D’autres raisons viennent ensuite se greffer à cette cause principale. « “Je ne sais pas quoi répondre”, “je n’aime pas dire non”, la gêne, et “je ne me sens pas bien moi-même”, c’est-à-dire je suis malade ou je suis déprimé, je ne suis pas bien. » Dans le cadre professionnel, seule une infime minorité décide de ne pas répondre à un message car elle méprise la personne, estime Malene Rydahl.
La gêne qui empêche le dialogue
En ce qui concerne les relations amoureuses, le ghosting est régulièrement expliqué par la gêne. « Je ne sais pas quoi répondre, je suis gêné de dire non. Ou je suis timide », détaille l’autrice. Elle souligne par ailleurs la fréquente inadéquation entre nos attentes émotives – on souhaite une réponse rapide – et les capacités de dialogue de la personne en face – qui a parfois besoin de réfléchir.
Pour mieux vivre la non-réponse, Malene Rydahl conseille de se poser plusieurs questions quand on envoie un message. « Est-ce que c’est une relation amicale ou formelle ? Quel est le “système de réponse” de cette personne ? Est-ce qu’elle répond rapidement en règle générale ? Est-ce quelqu’un d’introverti, d’extraverti, qui réfléchit énormément ? À partir de là, on commence déjà à se faire une idée. »
Les messages compulsifs ou « la nouvelle cigarette »
Ensuite, l’autrice invite à analyser son propre message. « Il y a une grande différence entre un message extrêmement facile qui demande un oui ou un non, type “est-ce que tu veux venir dîner ?”. Ou est-ce qu’on demande à quelqu’un un service qui peut être gênant ? » Dans son livre Je te réponds… moi non plus, Malene Rydahl explore ainsi la façon dont nous gérons et interprétons nos messages, qu’elle considère comme « la nouvelle cigarette ».
« Au moindre moment d’ennui, dans la rue ou même avec d’autres personnes, on sort le téléphone et on met en route la machine à conversation. On peut envoyer 5, 10, 15 messages et donc éviter le vide. On meuble, et on n’a pas de moments où on est face à un vide, où il n’y a rien. Et ça, ça peut devenir une forme d’addiction qui n’apporte pas forcément grand-chose dans nos vies. »
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