Pourquoi je résiste à l’envie de compenser l’année 2020 en rendant Noël encore plus magique – BLOG
Or j’ai beau cliquer autant que je veux, il y a un sujet dont personne ne parle: la magie de Noël. Maintenant que nous sommes en décembre et que les publicités pour les fêtes envahissent tout, j’essaie de savoir comment procéder sur ce point.
Dans ma famille, on fête Noël. Quand j’étais enfant, au moment où on tournait arrivait au mois de décembre sur le calendrier, un pouvoir magique se libérait, qui opérait jusqu’au Nouvel An. Cette force était si puissante qu’elle faisait pousser des guirlandes sur notre escalier, remettait nos devoirs à plus tard et transformait une mère au foyer insatisfaite et un travailleur exténué en parents de rêves, dotés de toutes nouvelles aptitudes (confectionner des tartes, couper des arbres), le tout en chanson. Ma sœur et moi nous métamorphosions, nous aussi: nous n’étions plus des petites chipies, dont les chambres étaient des “porcheries”, qui se couchaient dans des T-shirts Ziggy Stardust délavés, mais des enfants bien élevées en chemises de nuit à volants, qui s’endormaient à la lueur des bougies électriques brillant aux fenêtres. Nous vivions un véritable enchantement.
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Après la naissance de mon premier fils, je me réjouissais donc: mon mari et moi allions partager cette magie des fêtes avec lui. Comme il est né en décembre, ce premier Noël est passé dans une sorte de brouillard, entre allaitement compliqué et lessives. Mais, à l’approche de son deuxième Noël, j’avais hâte de vivre des fêtes magiques, parfaites, avec mon mari et mon fils parfaits.
Et puis, à la mi-novembre, je me suis rendu compte que je n’avais pas de chaussette de Noël personnalisée pour mon bébé. Je suis donc allée sur Etsy et j’ai perdu un après-midi de travail à choisir, puis commander le bas parfait. Fait. Ensuite, j’ai vu que je n’avais rien pour accrocher nos chaussettes de manière décorative: j’ai donc acheté trois jolies ancres à poser sur la cheminée. Fait. Puis j’ai entendu dire que les pépinières de sapins de Noël liquidaient leurs arbres juste avant les fêtes. J’ai délégué cette tâche à mon mari, qui a à son tour perdu un après-midi de travail à passer des coups de fil pour comparer les prix et les à-côtés proposés (chocolat chaud, choristes de Noël) par les différentes exploitations. Les semaines suivantes, nous nous sommes couchés tard pour aller faire nos emplettes en soirée, nous avons réservé par erreur deux fois le même voyage pour rendre visite à nos familles, nous avons déboursé une petite fortune pour des billets de train Polar Express, nous nous sommes retrouvés à court de scotch, et nous nous sommes rendu compte qu’aucun de nous ne connaissait de recette de tarte ni de roulé aux noix.
La magie de Noël, un phénomène pas naturel
Être mère pendant les fêtes implique de passer derrière le rideau. On n’est plus un spectateur VIP, installé dans un fauteuil en peluche au premier rang, ébloui par la Fée Dragée. On est un membre d’équipage qui œuvre en coulisse, actionnant poulies, interrupteurs, accessoires et leviers de trappes… mais sans être suffisamment payé ni préparé pour cela. On est aussi le producteur, responsable de tout, du budget (coordination stratégique des ventes flash avec coupons de réduction) au contrôle qualité (éviter que mon fils ne voie le père Noël, auquel nous venions de rendre visite, remettre son tee-shirt des New York Jets sur le parking).
Ces tartes nécessitent un diplôme en conversion d’unités de mesure. Ces guirlandes, il faut aller les chercher au grenier. Ces visites à la famille doivent être planifiées avec diplomatie. Et ces pyjamas de Noël, on les oublie, et il faut aller les acheter à la dernière minute, le 23 décembre, dans un magasin où la file d’attente est si longue qu’on préfère se rendre au service client, pour constater que la queue y est encore plus longue et qu’on a perdu sa place dans la file d’origine.
«Le terme “magie” est devenu synonyme de “tâche” pour moi: c’est quelque chose que je dois créer afin que mes enfants savourent l’émerveillement des fêtes, tandis que je soupèse chaque décision et chaque détail en coulisse.»
Je suis la première à admettre que j’en fais trop, mais ce besoin de créer la magie à tout prix n’a fait que s’accroître à la naissance de notre second fils. Je créais l’enchantement au forceps. Chaque décoration devait être digne d’un magazine, chaque moment, devenir un souvenir d’enfance mémorable. Le terme “magie” est devenu synonyme de “tâche” pour moi: c’est une chose que je dois créer afin que mes enfants savourent l’émerveillement des fêtes, tandis que je soupèse chaque décision et chaque détail en coulisse.
Je crains que cette année ne soit pire que les autres. Parce que j’ai une pression supplémentaire: compenser tout ce qui n’a pas pu se produire en 2020. Chaque fête d’anniversaire réduite à un écran Zoom, chaque justification peu convaincante pour expliquer qu’un ami, cousin ou grand-parent ne pouvait pas nous rendre visite, les colonies de vacances annulées, les vacances à Yellowstone interdites, et toutes les fois où j’ai dit à mes garçons confinés à la maison: “Pas maintenant. Maman travaille.” 2020 arrivant à son terme, j’ai de moins en moins d’occasions de compenser. Cette année, les fêtes se profilent comme une échéance épuisante, ma dernière chance de leur rendre l’enfance dont ils ont été privés ces douze derniers mois.
Sentiment de honte
Donc, cette année, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas comment résister à l’envie de compenser en achetant des cadeaux par milliers, ni comment m’épargner la préparation d’un pudding traditionnel. Je ne sais pas comment éviter de transformer le mois de décembre en excuse géante, stressée, pour ma gestion de la pandémie loin d’être optimale, ni comment trouver le temps et l’espace nécessaires pour permettre à ma famille de ralentir, de respirer et de profiter de l’enchantement ensemble.
Mais cela participe de la vraie magie, non? Le fait de ne pas savoir.
On ne sait pas comment le père Noël réussit à faire le tour du monde en traîneau, comment une étoile a pu guider trois visiteurs jusqu’au berceau d’un divin enfant, comment une provision d’huile suffisante pour un jour a pu durer huit nuits, ni comment la foi a pu naître sans aucune preuve.
Tout le monde a droit à sa magie
Alors, même si je ne sais pas comment se passera Noël cette année (me réveillerai-je à nouveau dans une mare de pipi à cause du cadet qui aura grimpé dans notre lit?) ni l’an prochain (la Covid ne sera-t-elle plus qu’un mauvais souvenir?), je sais que je veux passer plus de temps à me forger des souvenirs sans me rendre malade parce que j’ai peur de mal faire ou de ne pas être parfaite. On a suffisamment de raisons de s’inquiéter comme ça cette année, et tous les ans, d’ailleurs.
Après cette année 2020, qui a nécessité tant de travail, de force et de courage que j’ai parfois eu le sentiment que mes enfants étaient plus des fardeaux que des bénédictions, pendant ces fêtes, je veux moins paniquer, ne forcer personne à s’amuser, et lâcher prise pour profiter des merveilles qui existent déjà. Car, si j’ai bien une certitude, c’est ma petite famille. Et, qu’importe la forme que prendra Noël cette année, tant que je l’aurai à mes côtés, il sera magique. Même si nos pyjamas ne sont pas assortis.
Ce blog, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Laure Motet pour Fast ForWord.
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