Pourquoi le masque n’a pas été rendu obligatoire partout
Mais pour d’autres, le locataire de Matignon n’a pas pris la seule mesure qui s’imposait au regard de la situation: l’obligation du port du masque sur tout le territoire, sans passer par l’appréciation locale des préfets et élus concernés. C’est notamment ce que pense le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou, par ailleurs maire LR de La Garenne-Colombes. “Le rôle du Premier ministre n’est pas d’alerter. Il n’est pas de plaider pour les masques. Ce qu’il faut, c’est décider”, dénonce ce mercredi 12 août sur franceinfo le médecin, pointant “l’absence de clarté” de l’exécutif.
Et l’urgentiste d’ajouter: “j’ai l’impression de revivre au plan politique comme citoyen ce que j’ai vécu comme soignant pendant des semaines et des mois, à savoir des ordres, des contre-ordres, des demi-ordres”. Philippe Juvin n’est pas le seul à avoir cette impression. Jean-François Vigier, président du groupe UDI à la région Île-de-France, appelle sur Twitter le Premier ministre à “simplifier” les choses en rendant le “masque obligatoire”.
“Quand on y pense, la situation est tout de même incompréhensible… Quel est le risque à imposer le port du masque ? Si ce n’est protéger la population, éviter un reconfinement et éviter aux soignants de craquer?”, interroge de son côté l’eurodéputée Place publique Aurore Lalucq.
Confiance aux territoires
Le Premier ministre l’a répété mardi 11 août: il croit davantage aux approches locales et à la souplesse qu’elles permettent qu’aux ordres directement venus de Paris et qui peuvent paraître absurdes dans certaines zones. Évoquant le fameux couple maire-préfet auquel il tient tant, le chef du gouvernement a expliqué: “ce sont ces acteurs de terrain, avec les agences régionales de santé (…), qui sont les mieux à même de prendre les mesures les plus adaptées aux situations locales”. Ce que Guillaume Kasbarian, député LREM de l’Eure, justifie en ces termes: “Quand on est seul dans un champ, le masque n’a pas d’intérêt. Quand on est dans une rue bondée en ville, le masque est utile”.
Cette méthode découle en réalité précisément de la promesse faite à la suite de la nomination de Jean Castex à Matignon, correspondant aux souhaits de décentralisation exprimés par Emmanuel Macron depuis la grogne provoquée par la limitation de la vitesse à 80 km/h et la crise des gilets jaunes ayant révélé le fossé qui séparait les fameux “territoires” des dorures de la République sous lesquelles se prennent les décisions, parfois de manière technocratique.
Lors de son discours à Bourg-en-Bresse le 31 juillet, le successeur d’Édouard Philippe ne promettait pas autre chose dans la lutte contre la covid-19. “Il y a des mesures nationales et puis il y a leur adaptation, leur éventuel renforcement en fonction des caractéristiques locales qui peuvent être différenciées(…). Donc l’idée c’est aussi de donner des marges de manoeuvre, y compris juridiques aux responsables locaux, en particulier au préfet et au maire, pour pouvoir prendre des décisions les plus appropriées aux situations qu’ils rencontrent dans une logique préventive”, avait déclaré le Premier ministre.
L’annonce faite mardi n’est que le prolongement de cette approche. Reste maintenant à savoir si elle s’avérera efficace pour contenir l’épidémie.
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