Pourquoi trouver un vaccin contre la grippe en pharmacie est si difficile
Comme lui, sept pharmacies sur dix sont en manque ou en rupture de stocks d’après l’Union de syndicats de pharmaciens d’officines (USPO) alors que la campagne de vaccination contre la grippe n’a débuté que le 13 octobre dernier et que l’épidémie de grippe n’a pas encore commencé en France. Sur les 15,8 millions de personnes qui ont reçu un bon de prise en charge, seules 9 millions ont jusqu’ici pu être vaccinées, d’après l’USPO.
Pourquoi, alors que l’Etat avait anticipé cette pénurie et commandé 30% de doses de plus pour un total de 13 millions, est-ce si difficile de trouver un vaccin contre la grippe en pharmacie? “Ce n’est pas de la faute de l’Etat. Il y a eu un problème logistique dès le début, avant même que les vaccins soient livrés”, explique Gilles Bonnefond, président de l’USPO.
“Les industriels n’ont pas envoyé les doses supplémentaires qui avaient été commandées par l’Etat, fustige t-il. C’est ce qui explique la pénurie”. Des propos confirmés par Anne-Marie Moulin, médecin, directrice de recherche au CNRS qui participe à une mission nationale sur la gestion de la crise Covid. Sollicité par le HuffPost, le laboratoire Mylan, à qui l’Etat avait commandé des doses, n’a pas souhaité répondre.
Les Français se sont précipités
Autre élément d’explication à la pénurie: la précipitation des Français à se faire vacciner. La grippe touche chaque année entre 2 à 6 millions de personnes et ses symptômes peuvent être confondus avec ceux du Covid-19. Les Français se sont donc précipités sur les stocks dès le coup d’envoi de la campagne de vaccination. “Il y a une demande beaucoup plus importante de la population cette année par rapport aux années précédentes parce que le regard des Français sur le vaccin a changé. Ils veulent pour beaucoup se faire vacciner, et vite”, a constaté Gilles Bonnefond.
Sans compter que pour Anne-Marie Moulin, respecter les consignes gouvernementales de priorisation s’avère difficile. “Qui est réellement prioritaire? s’interroge t-elle. Le ministère de la Santé et l’Assurance maladie ont donné la priorité aux personnes âgées de 65 ans et plus, à celles souffrant de pathologies ou présentant une forte obésité, aux femmes enceintes et aux professionnels séjournant dans un établissement de soins. “La notion de personne à risque est extensible, et floue”, regrette cette médecin.
“Certaines personnes sont vulnérables et font partie de la liste des personnes prioritaires, mais n’ont pas reçu de bon de prise en charge”, déplore-t-elle en citant par exemple le personnel des Ehpad, ou celui des pharmacies. S’ils ne reçoivent pas initialement de bon de prise en charge, ils peuvent en revanche se faire prescrire un vaccin par leur médecin traitant. “Une partie de ce public fragile, qui a reçu un bon de prise en charge ne pourra pas être vacciné, faute de doses suffisantes”, relève toutefois Martial Fraysse.
Seule lueur d’espoir, les officines comptent encore sur le “stock d’État”, c’est à dire 2 millions de doses supplémentaires fournies par le gouvernement, qui devraient être distribuées d’ici la fin de l’année. Une livraison attendue “avec impatience” par les pharmacies.
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