Pouvoir d’achat: à quoi servent les 138€ de la redevance télé?
Mais dans ce “kit de survie” pour contrer à l’inflation, une mesure divise déjà: la suppression de la redevance télé. Les salariés de France Télévisions et Radio France ont manifesté massivement le 28 juin dans les rues de Paris pour s’opposer à cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron.
Les grévistes s’inquiètent de la suppression de cet impôt qui permet le financement des chaînes publiques mais aussi les radios publiques chaque année.
À quoi sert vraiment la redevance télé?
Si vous possédez un téléviseur, vous devez vous acquitter de la somme de 88e dans les Outre-Mer et de 138€ en Métropole… Soit 38 centimes d’euros par jour. Un tarif inférieur à celui d’un café dans un distributeur.
Pourtant grâce à cet impôt, trois milliards d’euros sont collectés annuellement pour financer des séries comme 10 pour centsur France 2, ou encore des programmes que vous êtes des millions à suivre comme la matinale de France Inter avec Léa Salamé et Nicolas Demorand.
Les deux tiers de cette somme sont dédiés à France TV pour ses chaînes nationales et régionales, tandis que 16% sont versés à Radio France, le reste étant partagé entre Arte, l’INA, TV5 Monde, France 24 et RFI, comme vous pouvez le voir dans ci-dessous.
France 3 Bourgogne France-Comté
Pourquoi cette promesse d’Emmanuel Macron inquiète?
Pour l’audiovisuel public, la redevance est une ressource vitale. Encore plus depuis la suppression de la publicité en soirée, puis dans les programmes pour enfants, sur les chaînes du service public.
L’audiovisuel public se retrouve ainsi dans une situation inextricable: d’un côté il ne peut pas trouver de nouveaux revenus… et de l’autre, il est menacé de perdre une partie de ses “revenus” actuels avec la suppression de cet impôt.
L’exécutif s’est engagé à compenser la disparition de cet impôt avec un budget dédié. La mesure doit permettre de redonner du pouvoir d’achat à 28 millions de ménages. Toutefois, Emmanuel Macron n’a jamais vraiment expliqué où il comptait trouver ces trois milliards d’euros, ni même expliqué qui allait payer l’addition.
Interrogée sur le sujet par nos confrères du Parisien le 21 juin dernier, la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak est restée évasive sur le sujet, se contentant de réaffirmer que le président de la République “soutenait un audiovisuel public fort et indépendant.”
Lors de la conférence de presse de rentrée de France Télévisions, ce mercredi 6 juillet, la présidente du groupe, Delphine Ernotte a insisté sur le fait que le service public faisait déjà des efforts considérables d’un point de vue financier. Sous-entendant ainsi qu’il serait inconcevable de réduire le financement de l’audiovisuel public.
“Dans quelques jours un débat majeur s’ouvre sur l’avenir de l’audiovisuel public. Je forme le vœux que le financement préserve et protège notre bien commun: un audiovisuel puissant et présent aux côtés des Français”, a-t-elle déclaré, tout en saluant le travail des “rédactions sous tension, qui courent partout.”
“Le coût de la grille de rentrée n’a jamais été aussi bas, nous sommes à 110 millions d’euros d’économie par rapport à la rentrée d’il y a dix ans”, a par ailleurs insisté Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes et des programmes de France Télévisions.
D’autres pistes suggérées
La Fondation Jean Jaurès a publié lundi 27 juin un rapport de l’économiste des médias Julia Cagé, dans lequel elle développe des solutions alternatives à la suppression de la redevance télé. Cette dernière préconise notamment une redevance dite “progressive”, indexée aux revenus des ménages, voire ceux des entreprises, comme c’est notamment le cas en Finlande. Une mesure qui permettrait d’offrir un gain de pouvoir d’achat pour plus de 85% des ménages, d’après elle.
“Alors que les médias privés sont affaiblis par une concentration croissante et une baisse tendancielle du marché publicitaire, vouloir supprimer la redevance aujourd’hui relève tout à la fois de la faute historique et de l’erreur de diagnostic”, écrit Julia Cagé, soulignant que de nombreuses études ont démontré que les pays où l’audiovisuel public était mieux financé disposaient d’une démocratie de meilleure qualité.
Les syndicats réclament, quant à eux, la “mise en place d’une taxe universelle affectée à l’audiovisuel public” pour compenser cette suppression.
Après la présentation en Conseil des ministres ce jeudi, le texte sera examiné dans la foulée par les députés puis les sénateurs. Un vote à l’Assemblée nationale qui s’annonce riche en rebondissements alors que Les Marcheurs ont perdu la majorité absolue aux dernières élections législatives.
Ils devront composer avec le RN et Les Républicains pour faire voter cette mesure, qui figurait d’ailleurs dans les programmes présidentiels de ces deux partis.
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