Reportage – Les étudiants en détresse à Lyon
La profonde souffrance des étudiants au temps du Covid-19
Samedi 9 janvier 2021, en pleine nuit, un étudiant en Master à l’université de Lyon 3 s’est suicidé en se défenestrant de sa chambre en résidence universitaire. Le 12 janvier, une femme de la même université a été retenue par ses camarades, et sa tentative de suicide a échoué. La souffrance des étudiants au temps du Covid-19, la voici.
L’isolement, un mal-être insurmontable
Le drame a profondément marqué la communauté étudiante de cette université de Lyon 3. Le jeune homme a sauté par la fenêtre autour de 2h du matin. Suite au drame, les marques de la tragédie sont restées visibles sur le sol pendant 48h. « Ça a été psychologiquement très lourd. » raconte Romain Narbonnet, étudiant en troisième année.
Une chambre universitaire à Lyon 3, c’est 10 mètres carrés. Une douche, une armoire, un réfrégirateur, un bureau. « Quand je suis dans ma chambre, en largeur, je tends les bras, je touche les deux murs. Je fais trois pas en avant et c’est la longueur de ma chambre » précise Romain Narbonnet. La cuisine universitaire, auparavant un lieu de vie et de sociabilisation pour ces étudiants, ne peut accueillir à présent que deux ou trois étudiants, et ce pour quelques minutes. Il sont entre 20 à 25 personnes dans cette résidence à devoir se croiser, sans pouvoir lier de réels liens.
« Je n’ai aucune vision sur le futur actuel »
Hélène Ettoumi est en licence 3 à Lyon 3. Ses journées, elle les passe en vidéo-conférence, sans bouger de 8h à 17h. Sur 90 élèves connectés pendant les cours, seulement 6 ou 7 activent leur caméra, la jeune fille évoque la sensation « d’être face à un mur« . Les cours sont dépersonnalisés, l’interactivité y est très faible.
Clément Girardot, étudiant en Master 2, a crée avec quelques professeurs le Collectif de Solidarité Étudiante pour venir en aide aux étudiants les plus fragiles.
« Je n’ai aucune vision sur le futur actuel. Moi, je suis en Master 2, je suis censé avoir un stage obligatoire à faire avant la fin de l’année. Je n’en ai toujours pas, on est en janvier. Rentrer dans le monde du travail dans une situation actuelle, c’est très incertain finalement« , déplore le jeune homme.
« On est l’avenir du pays, c’est nous qui allons devoir reconstruire le monde de demain, (…) aujourd’hui, notre situation, elle n’est pas prise en compte » alerte Hélène Ettoumi.
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