Rhétorique : comment Vladimir Poutine justifie l’invasion de l’Ukraine
Vladimir Poutine parle de “génocide de populations russophones de la part de Kiev”
Le 24 février 2024, dans un discours officiel, Vladimir Poutine a déclaré la guerre à l’Ukraine : “J’ai décidé de mener une opération militaire spéciale. Son objectif est de protéger les personnes qui, pendant huit ans, ont été victimes d’abus et de génocide de la part du régime de Kiev.”
Pour Tatiana Kastouéva-Jean, Directrice du Centre Russie à l’Institut français des relations internationales (IFRI), “C’est un narratif qui consiste à dire : “Il s’agit d’une opération spéciale et cette opération spéciale est menée par les forces du Donbass et l’armée russe appuie cette action-là”.”
Pour la spécialiste, le président russe Vladimir Poutine justifie l’invasion russe de l’Ukraine, “par le fait qu’il y a eu un génocide des populations russophones à l’Est de l’Ukraine, et donc il a besoin de venir en aide et protéger ces populations-là.”
Les soldats russes sont présentés comme les “libérateurs”
La rhétorique de Vladimir Poutine est également retranscrite sur la chaîne de télévision russe, Russia24, le 24 février 2022 lors de reportages diffusés dans la journée : “L’Ukraine nous fait la guerre depuis huit ans, cela a poussé les gouvernements des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk à demander de l’aide militaire à la Fédération de Russie”.
Sur Russia24, la même journée, on peut entendre : “Les autorités de la République, désormais officiellement reconnue par la Russie, ont l’intention d’amorcer un retour à la normale pour les habitants dans les territoires libérés.”
Pour Tatiana Kastouéva-Jean, “Dans le discours russe, ils viennent en libérateurs pour libérer le peuple ukrainien opprimé et pour lui laisser le libre choix, libre arbitre, de faire ces choix stratégiques. C’est le discours qui est véhiculé aujourd’hui et qui est adressé avant tout, évidemment, à la population russe.”
L’autre objectif de Vladimir Poutine est la “dénazification” de l’Ukraine
Vladimir Poutine affiche aussi un autre objectif : la “dénazification” de l’Ukraine. Cet argument se fonde sur la présence d’ultranationalistes lors de la révolution de Maïdan, en 2014.
Le 25 février 2022, dans un message officiel, Vladimir Poutine annonce : “Ne laissez pas les néonazis utiliser vos enfants, vos femmes et les personnes âgées comme des boucliers humains”.
La Directrice du Centre Russie à l’IFRI explique : “Ce n’est pas un discours nouveau, c’est un discours qu’il a depuis 2014 et qui ne cesse de se développer. Il y avait les forces nationalistes sur le Maïdan.
Après le Maïdan, il y a eu quelques personnalités de l’extrême-droite qui ont fait partie du gouvernement ukranien, mais il faut dire que, dans les dernières élections, présidentielle et parlementaire, les partis nationalistes, je ne parle pas des partis nazis, on ne s’affiche pas de cette manière-là en Ukraine non plus, mais les partis nationalistes ont fait des scores extrêmement faibles, aux alentours de 2 % à peu près.”
“C’est une guerre fratricide qui est en train de se jouer devant nos yeux”
Pour la spécialiste, Vladimir Poutine “est intoxiqué à l’histoire et à une certaine version de l’histoire” : “C’est très contradictoire, à la fois il parle du même peuple, mais peuple divisé, et à la fois, au fond, il est en train de bombarder aujourd’hui, si on suit la logique de son discours, une partie de son propre peuple. Donc les liens historiques entre la Russie et l’Ukraine sont en effet extrêmement forts, c’est une guerre fratricide qui est en train de se jouer devant nos yeux.
Depuis ce que Vladimir Poutine estime être le “putsch” qui a eu lieu en 2014 sur la place Maïdan, il y a aussi beaucoup d’inquiétudes chez les Russes pour la sécurité de la Russie elle-même, car l’Ukraine recevait, en effet, recevait des armes occidentales, notamment les armes américaines, comme les missiles antichars Javelin, et en fait les Russes y ont vu une future place d’armes pour attaquer la Russie, ou peut-être pas attaquer, mais en tout cas représenter une menace pour la sécurité de la Russie.
Notamment via l’adhésion à l’OTAN, et il faut dire que l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne sont inscrites dans la Constitution ukrainienne.
Il y a à la fois le désir de laver les humiliations que la Russie a subi, y compris via l’Ukraine, mais venant essentiellement de l’Occident, et aussi parer à cette menace sécuritaire en évitant que les bases de l’OTAN ne s’installent tout près des frontières russes.”
Déclaration de guerre de Vladimir Poutine, réponse du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, manifestations anti-guerre un peu partout en Europe, en Allemagne, en France, etc., voici ce qu’il s’est passé le premier jour de l’invasion russe en Ukraine.
Alors que Moscou multiplie les bombardements en Ukraine et encercle la ville de Kiev, certains habitants de l’Ukraine quittent le pays, direction la Pologne. C’est le cas d’Oksana, Ukrainienne, qui fuit son pays en guerre pour rejoindre la Pologne. Tandis que l’espace aérien européen vient de se fermer aux avions russe, le président Vladimir Poutine brandit la menace de l’arme nucléaire.
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