Sur France 2, Jean Castex a eu du mal à parer tous les coups destinés à son gouvernement
Pour sa première grand-messe médiatique, riche en sujets et intervenants, au point d’en devenir parfois confuse et cacophonique, le Premier ministre a dû encaisser les nombreux coups destinés à son gouvernement. Interrogé en fin d’émission sur sa popularité, Jean Castex a d’ailleurs reconnu la difficulté de sa tâche, dans un contexte sanitaire et économique oppressant.
“On trouvera toujours, ou que j’en fais trop, ou que je n’en fais pas assez. C’est le propre de la gestion d’une crise sanitaire. Je sais que ce sera difficile et si je suis obsédé par ma popularité, cela pourrait nuire à mon efficacité. J’essaye de donner le meilleur de moi-même”, a-t-il plaidé, assumant de prendre des décisions “impopulaires”.
Acculé par les élus locaux
Le Premier ministre a d’emblée répondu à la fronde des élus marseillais contre les nouvelles mesures imposées par le gouvernement à la deuxième ville de France. Certains ont même annoncé le dépôt d’un référé en justice pour empêcher la fermeture des bars et des restaurants.
“On ne joue pas avec une épidémie”, a-t-il notamment mis en garde en appelant à “la responsabilité”, qui est “nécessairement collective” face au virus. Et de lancer un avertissement: “Il faut que l’opinion soit très attentive. Si nous n’agissons pas, on pourrait se trouver dans une situation proche de celle du printemps. Ça pourrait pouvoir dire reconfinement.”
Après les questions sanitaires, le chef du gouvernement est apparu plus hésitant sur le thème de la sécurité, de la justice ou de l’économie. Questionné par le maire de Béziers -élu en 2014 avec le soutien du FN- Robert Ménard, l’édile EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, et David Lisnard, le maire Les Républicains de Cannes, Jean Castex a notamment promis que le budget de la Justice allait augmenter de 8% en 2021.
Pour le Premier ministre, c’est l’État -et donc ses prédécesseurs- qui “s’est très mal comporté” depuis longtemps puisque la France est au “23e rang” en Europe pour “les moyens consacrés à la justice”. “Là où il y a un magistrat en France, je crois qu’il y en a trois en Allemagne”, a-t-il argué.
Confronté aux inquiétudes des Français
L’effort financier consenti par son gouvernement est, selon les mots de Jean Castex, “jamais vu depuis 35 ans”, avec l’embauche de “900 personnels tout de suite” pour lutter contre “la progression de la violence.”
“Vous parlez de chiffres, d’augmentation de la magistrature, de la police. Vous allez mettre des hommes en plus, c’est pas en mettant de l’argent sur la table, mais il faut serrer la vis”, lui a alors rétorqué Bruno Perez, le père d’un jeune homme poignardé à la sortie d’une discothèque près de Grenoble en 2018. Et d’ajouter: “quand un délinquant est arrêté, il faut qu’il paye. Vous devez faire peur à la délinquance en leur disant qu’on en a marre de cette violence.”
Car Jean Castex n’a pas seulement été confronté aux griefs des élus locaux d’opposition. Il a également répondu aux nombreux témoignages, souvent poignants, de Français inquiets du contexte sanitaire, économique ou sécuritaire du pays.
Le chef du gouvernement s’est notamment montré assez impuissant face à l’angoisse de deux salariés de l’usine Bridgestone de Béthune (863 personnes), premier employeur de la ville qui a brutalement annoncé mi-septembre la “cessation définitive” de l’activité du site à l’horizon 2021. Le Premier ministre a notamment avoué que “la partie” allait ”être très compliquée”.
Le couac StopCovid
“C’est une entreprise (…) qui se trouve actuellement à la tête de difficultés parce qu’on va se le dire, elle a fait de très mauvais choix d’investissement. C’est une entreprise qui s’est très mal positionnée sur le marché économique”, a-t-il expliqué, promettant toutefois de “discuter pied à pied” avec les dirigeants de Bridgestone pour les “convaincre d’investir.”
Symbole de cette soirée timorée pour le chef du gouvernement? Jean Castex a dû confesser, à la surprise générale, ne pas avoir téléchargé l’application StopCovid censée contribuer à la lutte contre l’épidémie de coronavirus. Et ce tout comme Marlène Schiappa et Éric Dupond-Moretti, présents dans l’assistance aux côtés de nombreux autres ministres.
“Oui je pousse les Français à le faire, mais je ne l’ai pas fait”, a notamment concédé le chef du gouvernement, interrogé sur ce point, avant de tenter de mettre en avant “les fonctions qui sont les (s)iennes” qui font notamment qu’il ne prend “plus le métro” et donc le conduisent “hélas” à croiser “beaucoup moins de monde.” Cette émission était donc l’occasion, pour le Premier ministre, de reprendre le contact avec des citoyens. Et il n’a pas dû être déçu.
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