Sur LCI et TF1, Macron s’offre un grand satisfecit avant la présidentielle
Un entretien de fin de mandat mené par Darius Rochebin et Audrey Crespo-Mara -enregistré dimanche- qui aura duré deux heures. L’occasion pour le locataire de l’Élysée de revenir en longueur et en images sur les différentes crises qui ont émaillé son quinquennat, de la fronde des gilets jaunes à la pandémie de coronavirus, et de donner quelques pistes sur sa future candidature qu’il a, sans surprise, pris soin de ne pas officialiser.
Un long satisfecit ponctué de rares regrets, qui ne manquera pas d’alimenter la colère des oppositions sur fond “d’exercice de propagande” à quatre mois de l’élection présidentielle.
“Je ne fais pas de politique”, mais…
“Je ne fais pas de politique”, a pourtant répété le président de la République, dans un sourire, à deux reprises comme pour déminer les critiques qui n’ont pas manqué de pleuvoir depuis l’annonce de cette émission. Plusieurs candidats avaient même saisi dès le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) au nom de “l’équité” avant la diffusion de l’interview.
Sur le fond, Emmanuel Macron est revenu sur l’épidémie de Covid-19 en balayant les attaques sur une gestion de crise trop solitaire et verticale. “Je défie quiconque de montrer une démocratie qui a fonctionné aussi intensément que la démocratie française”, s’est-il défendu en louant l’action du gouvernement, tant sur la vaccination que sur la réponse apportée aux grandes difficultés de l’hôpital public ou le fameux “quoiqu’il en coûte” économique.
“C’est facile de gagner le tiercé avec le résultat des courses”, a-t-il encore lancé, en reconnaissant malgré tout que “nous nous sommes retrouvés démunis” sur la question des masques et des équipements, entre autres. Une façon aussi de renvoyer la responsabilité dans le camp des précédents gouvernements.
Même chose sur les gilets jaunes. Emmanuel Macron s’est d’abord vigoureusement défendu d’être “le président des riches”, le surnom que lui a été donné par une partie de l’opposition. Puis il a reconnu une part de “responsabilité” dans cette fronde en reconnaissant les “erreurs”… mais des autres.
Macron et les petits regrets
Le chef de l’État a par exemple parlé de la taxe carbone, en précisant qu’elle datait de 2015, avant son entrée en fonction, et de la mesure controversée des 80 km/h sur les routes départementales. Une disposition poussée et portée par le chef du gouvernement de l’époque Édouard Philippe.
Également interrogé sur son attitude vis-à-vis de Nicolas Hulot à l’hiver 2018, lors des premières accusations de viol visant son ministre, Emmanuel Macron, qui l’avait soutenu, n’a pas exprimé de regret. “En 2018, Nicolas Hulot a nié avec beaucoup de force. Il y avait eu une plainte, mais elle avait été classée, il n’y avait aucune procédure en cours. Nous avions un homme blessé, et donc il est resté ministre. Quel autre choix aurions-nous pu faire?”, a-t-il martelé en assumant avoir confirmé l’ancien animateur à son poste à ce moment-là.
C’est sur la forme, et dans sa relation avec les Français, que le chef de l’État a concédé ses principaux (mini) mea culpa. Interrogé sur ses “petites phrases” polémiques du début du quinquennat, il a reconnu qu’il ne les redirait plus, même si elles montraient qu’il était “arrivé au pouvoir avec une forme de vitalité” et “une volonté de bousculer”.
“J’ai acquis, je crois pouvoir le dire, beaucoup plus de respect pour chacun”, a-t-il notamment expliqué après avoir regardé les fameuses séquences sur “ceux qui ne sont rien” ou “les Gaulois réfractaires”. Et d’ajouter: “À l’époque, je pense qu’avec certains de mes propos j’ai blessé des gens et je pense qu’on peut bouger les choses sans blesser des gens.”
Macron presque candidat, l’opposition excédée
Emmanuel Macron a également reconnu sa “naïveté” en 2018 quand, à l’automne, il avait accepté une photo avec un homme faisant un doigt d’honneur à Saint-Martin. “Il faut protéger la fonction. Par tempérament, je me protège, mais il y a des moments où ce que vous représentez est plus important que vous (…). J’ai été suffisamment naïf pour laisser faire cette photo”, a-t-il regretté, en lançant à plusieurs reprises “j’ai appris”.
Au-delà de ce bilan, largement positif donc, le chef de l’État, qui ne “fait pas de politique”, s’est attaché à tracer quelques perspectives pour les mois et années à venir “car on ne transforme pas la France en cinq ans.”
Il a par exemple affirmé que la réforme des retraites, stoppée net par la pandémie de Covid-19 -ce qu’il assume- devra être relancée. Il en a d’ailleurs profité pour poser les premiers jalons d’un “système simplifié” avec “grosso modo trois grands régimes”, pour la fonction publique, pour les salariés du privé et pour les indépendants. Sera-t-il candidat pour porter cela? J’ai “de l’ambition pour notre pays, l’envie de faire”, a-t-il répondu, tout en assurant ne pas être “aujourd’hui dans la situation de répondre à cette question.”
Pas de quoi contenter les oppositions qui pressent le chef de l’État à sortir du bois. À peine terminée, l’émission a mis en fureur ses adversaires. Éric Ciotti dénonçait, par exemple sur LCI, “une émission de propagande”, qui “pose un grave problème démocratique.” Un “confessionnal à ciel ouvert et pas une idée neuve”, pour le socialiste Boris Vallaud, “un moulin à paroles égocentré, tiède et sans souffle”, pour Jean-Luc Mélenchon… pas convaincus par cette soirée souvenirs et diapos en prime time.
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