Ukraine: Cessez-le-feu à Marioupoul sous blocus russe, le point sur la situation en Ukraine
GUERRE EN UKRAINE – Pour de véritables négociations, il faudra attendre. Alors qu’un 3e round de pourparlers entre Russie et Ukraine est prévu ce week-end selon Kiev, Vladimir Poutine a averti vendredi 4 mars: “la Russie est ouverte au dialogue”, “mais à condition que toutes les exigences russes soient satisfaites”.
Le président russe a répété ses exigences dans un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz: un statut “neutre et non-nucléaire” pour l’Ukraine, sa “démilitarisation obligatoire” et sa “dénazification”, la reconnaissance de l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et la “souveraineté” des régions séparatistes prorusses de l’Est ukrainien.
Début des évacuations de civils à Marioupol
Dans le port stratégique de Marioupol (sud-est), la situation humanitaire est “terrible” après plusieurs dizaines d’heures de bombardements ininterrompus, y compris sur des écoles et des hôpitaux, a déclaré vendredi le maire-adjoint de la ville, Sergueï Orlov. La prise par Moscou de cette ville de quelque 450.000 habitants, située sur la mer d’Azov, serait un tournant dans l’invasion de l’Ukraine.
La ville se trouve “sous blocus” et subit des “attaques impitoyables” par les forces russes, a affirmé ce samedi 5 mars son maire. “Depuis cinq jours, notre ville natale, notre famille d’un demi-million d’habitants, subit des attaques impitoyables”, a écrit sur Telegram Vadim Boïtchenko, en appelant à poursuivre la résistance.
“Nous cherchons des solutions aux problèmes humanitaires et tous les moyens possibles pour sortir Marioupol du blocus”, a poursuivi le maire qui réclamait un cessez-le-feu “pour que nous puissions rétablir les infrastructures vitales et mettre en place un couloir humanitaire pour faire venir des aliments et des médicaments dans la ville”. Ce cessez-le-feu a été annoncé samedi matin par Moscou pour permettre l’évacuation des civils de deux villes de l’est de l’Ukraine, dont Marioupol, après des concertations entre Kiev et Moscou.
A partir de 8h, “la partie russe déclare un régime de silence (des armes) et l’ouverture de couloirs humanitaires pour l’évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha”, a déclaré le ministère russe de la Défense, cité par les agences de presse russes.
“L’évacuation de la population civile commencera à 11H00 (10h heure de Paris)”, a indiqué la mairie, évoquant un accord de cessez-le-feu temporaire avec la Russie qui sera en vigueur samedi de 10H00 à 16H00 locales (9h à 15h heure de Paris). “Au total, il faudra plusieurs étapes d’évacuation, étalées sur plusieurs jours, pour que chaque personne voulant partir puisse le faire”, a ajouté la même source sur son compte Telegram.
Plus de 1,2 million de personnes ont déjà fui l’Ukraine, selon l’Onu. Le Conseil des droits de l’homme a approuvé à une écrasante majorité une résolution en faveur d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits humains et du droit humanitaire en Ukraine.
Samedi matin, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a dans un message publié sur Facebook admis que les Russes avaient avancé dans plusieurs directions tout en précisant qu’ils ne contrôlent qu’une “petite portion” de territoire dans le pays, et que les combattants ukrainiens “les repoussent”.
“La +grande+ armée a montré sa vrai nature, lâche et terroriste, capable d’attaquer la population – femmes, enfants, civils désarmés”, mais “l’ennemi répondra de toute vie prise, de toute larme provoquée”, a-t-il ajouté.
L’armée russe, qui continue de bombarder intensément les alentours de Kiev au nord-ouest et à l’est notamment, a de son côté indiqué qu’à l’est, les séparatistes prorusses ont pris le contrôle de six localités dans la région de Donetsk. Les forces russes disent aussi avoir progressé dans le sud, prenant dix villages et localités.
“Le monde a échappé à une catastrophe nucléaire”
Entre Marioupol et Kiev (centre), l’armée russe occupe depuis vendredi la centrale nucléaire de Zaporojie (sud), où des frappes de son artillerie, selon les Ukrainiens, ont provoqué un incendie – dont Moscou nie être à l’origine. Des tirs de chars russes contre la centrale ont mis le feu à un bâtiment de formation et à un laboratoire, mais aucune fuite radioactive n’a été constatée, ont indiqué les autorités ukrainiennes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de recourir à “la terreur nucléaire” et appelé à “une action européenne immédiate” pour “empêcher que l’Europe ne meure d’un désastre nucléaire”. Au Conseil de sécurité de l’Onu, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a affirmé que cette attaque avait représenté “une immense menace” et que “le monde a échappé à une catastrophe nucléaire”.
“Non seulement (Vladimir Poutine) n’a pas écouté” les appels à arrêter son invasion de l’Ukraine, “mais nous venons d’assister à une nouvelle escalade dangereuse qui représente une grave menace pour toute l’Europe et le monde”, a insisté la diplomate américaine.
“Toute attaque armée et toute menace contre des installations nucléaires utilisées à des fins pacifiques constituent une violation des principes de la Charte des Nations unies, du droit international (…)”, selon une déclaration commune des pays du G7.
Emmanuel Macron s’est dit “extrêmement préoccupé des risques” sur la sécurité nucléaire “qui résultent de l’invasion russe”, avant d’indiquer qu’il allait “proposer dans les prochaines heures (…) des mesures concrètes afin d’assurer” la sécurité des centrales ukrainiennes. “La Russie et l’Ukraine doivent trouver un accord” pour “assurer ensemble la préservation de la sécurité” de ces sites, a ajouté la présidence française.
Possibles nouvelles sanctions, pas de zone d’exclusion aérienne
Les pays du G7 ont annoncé leur intention d’imposer de “nouvelles sanctions sévères” contre Moscou pour son invasion de l’Ukraine et se sont engagés à contrer la “campagne de désinformation” de la Russie.
“Nous continuerons à imposer de nouvelles sanctions sévères en réponse à l’agression russe”, ont affirmé les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 dans un communiqué commun. Ils ont également condamné la désinformation “du gouvernement russe et des médias qui lui sont affiliés” dont le “flux constant d’affirmations fabriquées met en danger des vies supplémentaires”.
De leur côté, les membres de l’Otan ont rejeté la demande de Kiev de créer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine. “La seule façon de mettre en œuvre une zone d’exclusion aérienne est d’envoyer des avions de chasse de l’Otan dans l’espace aérien de l’Ukraine, puis d’abattre des avions russes pour la faire respecter”, a expliqué le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg.
“Nous pourrions nous retrouver avec une guerre totale en Europe”, a-t-il souligné. “L’Otan est alliance défensive. Nous ne voulons pas être partie prenante au conflit en Ukraine”, a-t-il insisté.
Tour de vis sur l’Internet et les médias
Vendredi soir, le régulateur russe de l’internet, Roskomnadzor, a ordonné le blocage de Facebook dans le pays. Roskomnadzor a justifié sa décision en accusant Facebook, propriété de l’Américain Meta, de “discrimination” envers des médias russes tels que la télévision du ministère de la Défense Zvezda, l’agence de presse Ria Novosti, la chaîne internationale RT ou les sites Lenta.ru et Gazeta.ru.
Selon Nick Clegg, président des Affaires internationales du groupe américain, des “millions de Russes [seront] bientôt privés d’informations fiables” et “de leurs moyens de communication quotidien avec leur famille et leurs amis et réduits au silence”.
Le régulateur russe a aussi commencé vendredi à “restreindre l’accès” à Twitter, ont annoncé les agences de presse russes. Selon Interfax et Ria Novosti, cette décision est basée sur une demande du Parquet russe datant du 24 février, le jour du début de l’invasion russe de l’Ukraine.
La Russie a mis vendredi sur les rails de lourdes sanctions pénales en cas de distribution d’“informations mensongères sur l’armée” et bloqué des médias, illustration du tour de vis intérieur qui accompagne l’invasion de l’Ukraine. La BBC a annoncé suspendre le travail de ses journalistes de Russie pour assurer leur “sécurité”. Et le journal russe indépendant Novaïa Gazeta, dont le rédacteur en chef est le dernier Prix Nobel de la paix, a annoncé la suppression de certains de ses contenus liés à l’Ukraine afin d’éviter des sanctions.
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