DO THE RIGHT THING
Séance unique mardi 9 avril à 20h
présentée par Anne Crémieux, professeure de civilisation américaine, et suivie d’une discussion.
Écrit et réalisé par Spike LEE – USA 1989 2h VOSTF – avec Spike Lee, Samuel L. Jackson, John Turturro, Danny Aiello, Giancarlo Esposito, Ruby Dee… Musique de Bill Lee (le père de Spike), Public Enemy, Terence Blanchard et Branford Marsalis.
Du 09/04/24 au 09/04/24
Brooklyn, New York, 1989. Autour de la pizzeria du coin évoluent les tenanciers italo-américains du lieu, leur livreur Mookie (joué par Spike Lee), les épiciers coréens récemment arrivés, ainsi que diverses figures locales parmi lesquelles le paisible Mayor, l’énervé Buggin out, le mélomane hip-hoppeur Radio Raheem et trois papys sur leur chaise commentant la vie du quartier. Le ton est à la chronique urbaine, pittoresque, humoristique, rehaussée de couleurs vives, de tenues streetwear, de graffitis sur les murs et de musique hip-hop.
Mais la tonalité de chronique sympathique va bientôt s’assombrir à cause d’une banale affaire de photos : les pizzaïolos affichent en effet dans leur restaurant des clichés de Sinatra, Stallone ou Sofia Loren, MAIS aucun héros noir n’a droit à son portrait sur leurs murs alors que leur clientèle est majoritairement afro-américaine. Canicule aidant, les choses s’enveniment jusqu’à l’émeute, déclenchée par Mookie qui balance une poubelle dans la vitrine de ses employeurs.
Au-delà de son esthétique, Do the right thing est chargé en son cœur d’un contenu politique brûlant, motivé par l’affaire de Howard Beach où trois jeunes Noirs avaient été tabassés à coups de battes de baseball par une bande italo-américaine. La justice de l’époque s’était alors montrée très clémente avec les agresseurs, malgré la mort d’une des victimes.
Avant Spike Lee, les Noirs étaient bien sûr présents dans le cinéma américain y compris dans le système hollywoodien. Il y avait la blaxploitation des années 70, ou des superstars comme Eddy Murphy mais, consciemment ou pas, les Afro-américains étaient toujours instrumentalisés par le business, majoritairement blanc. Avec ce film, c’était la première fois qu’un Noir faisait un film en contrôlant tous les aspects (écriture, réalisation, production) et en portant le fer politique dans l’une des plaies sociales du pays, en synchronisme avec ce qui se passait dans le rap. Ainsi, 30 ans après, Do the right thing reste un film marquant, tant du point de vue socio-politique que de l’affirmation de la culture noire américaine et de l’émergence d’un talent important du cinéma américain.
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