La SNCF met fin au projet actuel de rénovation de la Gare du Nord
“Compte-tenu des dérives insupportables par rapport aux engagements contractuels”, SNCF Gares & Connexions “ne peut que constater la défaillance grave de son concessionnaire et prononcer sa déchéance”, a indiqué dans un communiqué la filiale de la SNCF chargée des gares.
Le chantier devait tripler la surface de la première gare d’Europe en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Après l’annonce de la SNCF, la mairie de Paris a appelé à “ne pas reporter une nouvelle fois la modernisation et la rénovation de la gare”.
“Nous sommes disponibles et volontaires pour engager un nouveau projet de rénovation de la Gare du Nord qui soit au service des usagers du quotidien, de l’insertion urbaine et de l’intermodalité”, a indiqué dans un communiqué Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire PS Anne Hidalgo.
Pour sa part, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari a annoncé ce mercredi 22 septembre sur BFMTV avoir “demandé à la SNCF de préparer un projet beaucoup plus réduit, dans une dimension de l’ordre de 50 millions d’euros, pour faire des aménagements et répondre aux enjeux de 2023 et 2024”, soit la Coupe du monde de rugby et les JO de Paris 2024.
SNCF Gares & Connexions avait été avertie en juillet d’un dérapage du coût prévisionnel des travaux, portant la facture à plus de 1,5 milliard d’euros, contre 500 millions encore envisagés fin 2020, et d’un “retard considérable” les empêchant d’être achevés d’ici aux JO-2024 comme initialement prévu.
“Une adaptation rapide” en vue des JO de 2024
Après l’abandon du projet avec Ceetrus, SNCF Gares & Connexions promet désormais “une adaptation rapide de la Gare du Nord aux enjeux” de la Coupe du monde de rugby en 2023 et des jeux Olympiques de 2024.
Elle s’engage également à “la conception d’un nouveau projet de transformation (…) élaboré en concertation étroite avec les acteurs publics concernés”.
La concession avait été confiée à SA Gare du Nord 2024 (StatioNord), une co-entreprise formée par la foncière immobilière Ceetrus (66%), filiale d’Auchan chargée de la conception, des travaux et de leur financement, et par SNCF Gares & Connexions.
Dans la version initiale du projet de transformation, la Gare du Nord devait, avec 88.000 m2 supplémentaires, atteindre une superficie totale de 124.000 m2, dont 46.000 m2 consacrés à une salle de spectacle, des équipements culturels, une salle de sport ou encore des commerces et bureaux.
Le projet avait fait l’objet d’une longue polémique avec la mairie de Paris, qui l’avait jugé trop commercial et déconnecté du quartier, même si elle l’avait approuvé à l’origine.
En septembre 2020, une vingtaine d’architectes de renom, dont Jean Nouvel et Roland Castro, avaient dénoncé un projet “inacceptable” et “pharaonique”, dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, demandant qu’il soit “repensé de fond en comble”.
Mouture moins ambitieuse
En novembre, une mouture moins ambitieuse du projet avait été adoptée.
Cette nouvelle version réduisait de 15% les surfaces des commerces et de services, soit 7500 mètres carrés de moins, et supprimait notamment la salle de spectacles.
Le calendrier reculait également les échéances du projet.
Il prévoyait une reconfiguration du terminal Eurostar avant la Coupe du monde de rugby en septembre 2023, et la livraison du nouveau terminal des départs pour juin 2024, juste à temps pour les Jeux olympiques.
Mais l’inauguration du nouvel ensemble n’était plus annoncée avant 2025.
Pour la filiale immobilière d’Auchan, c’est un nouveau coup dur. Elle avait déjà été confrontée en janvier dernier à l’abandon par l’État du projet de vaste complexe commercial Europacity, à une quinzaine de kilomètres de Paris, après des années de contestation par des mouvements écologistes et certains responsables politiques.
Plus de 700.000 personnes transitent chaque jour dans la Gare du Nord aujourd’hui “et 900.000 sont prévus en 2030”, avait indiqué en janvier Aude Landy-Berkowitz, présidente du directoire de StatioNord.
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