LES HARMONIES WERCKMEISTER
La séance du mercredi 7 février à 20h30
sera présentée par Mario Adobati, enseignant en études cinématographiques à l’université Paul Valery, et suivie d’une discussion.
(WERKMEISTER HARMONIAK) Béla TARR, Ágnes HRANITZKY – Hongrie 2000 2h25mn VOSTF – Avec Lars Rudolph, Peter Fitz, Hanna Schygulla, Ferenc Kallai… D’après le roman La Mélancolie de la résistance de László Krasznahorkai.
Du 07/02/24 au 20/02/24
Dès le premier (très long) plan des Harmonies Werkmeister, on sait qu’on entre dans un monde autre que celui de notre quotidien. Un monde sur lequel règne son créateur, le cinéaste, qui dès lors développera sa fable jusqu’où il entend la mener. Et mener le spectateur vers une réflexion sur l’univers opaque où il vit, et les moyens que se donne le cinéma pour le représenter.
Dans la salle nue d’un café de village, un garçon met en place une étrange chorégraphie, désignant tour à tour les buveurs pour figurer des astres tournant autour du soleil, un homme aux mouvements patauds, agitant les doigts, pour figurer un improbable rayonnement. C’est le mouvement de l’univers ramené aux dimensions d’un cabaret au plancher gras martelé par des pas lourds. C’est l’étrange ouverture d’un opéra sur la condition humaine aujourd’hui.
Reste à se laisser porter…
Avec Les Harmonies Werckmeister, film poème aux trente-neuf plans-séquences adapté du romancier László Krasznahorkai, le cinéaste hongrois Béla Tarr atteint de nouveaux sommets de perfection filmique. Happé dès les premières minutes par ces images d’une beauté saisissante à la lisière du cauchemar, le spectateur pénètre dans un monde où l’horreur et la beauté coexistent dans un conflit permanent. À travers les errances de János, personnage aux airs de héros dostoïevskien, le film transcende la médiocrité du quotidien par le biais de sublimes envolés métaphysiques. Les longs et puissants travellings contemplatifs, la majesté du noir et blanc, la beauté des visages marqués apparaissent comme des tentatives d’une harmonie retrouvée à partir des vestiges du monde. Fable cosmique sur la condition humaine, Les Harmonies Werckmeister est également un réquisitoire virulent contre le pouvoir de la foule, pouvant être interprété comme une allégorie de la montée du fascisme et des horreurs de l’Holocauste, comme du climat de peur régnant sur le bloc soviétique.
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