LES TOURNESOLS SAUVAGES
(Girasoles silvestres) Jaime ROSALES – Espagne 2022 1h46mn VOSTF – avec Anna Castillo, Oriol Pla, Quim Avila, Lluis Marques… Scénario de Jaime Rosales et Barbara Diez.
Du 30/08/23 au 19/09/23
Le seul tournesol du film, qui attire la lumière autant qu’il la cherche, c’est le personnage de Julia, merveilleusement interprété par la solaire Anna Castillo. Et plus que de sauvage, on la qualifiera de vivante, d’énergique, dotée d’un irréductible instinct de vie.
Julia est toute jeune et déjà mère de deux enfants, qu’elle élève seule et qui sont par la force des choses le centre de sa vie. Mais si elle assume sans faiblir ce rôle de mère qui l’accapare, ça ne l’empêche pas d’avoir envie de bouger, de progresser : elle a le projet de devenir infirmière. En fait, son seul défaut, c’est son incapacité – dont on pressent au fil du film qu’elle va la surmonter, là réside l’espoir – à se passer d’un homme à ses côtés. Et, conséquence logique quand la demande est plus forte que l’offre, dans sa tendance à faire les mauvais choix. Il ne s’agit pas ici, et le film s’en garde bien, de mépriser le besoin de Julia de ne pas vivre seule, de trouver absolument un compagnon : on voit bien que les circonstances la poussent en ce sens, que sa condition de mère célibataire est particulièrement lourde à porter, que sa situation économique est très précaire et qu’elle a du mal à joindre les deux bouts, à assurer le quotidien de ses deux mômes. Et on ajoutera que son milieu social et culturel l’ont amenée à ériger la vie en couple – et stable, le couple ! – comme un modèle naturel et quasiment incontestable.
Le film va donc être organisé en trois chapitres qui ont pour titre le prénom des trois hommes que Julia va fréquenter pour des périodes plus ou moins longues. Ou plutôt plus ou moins brèves (encore que la question reste en suspens pour le dernier) : Oscar, Marcos et Alex. Les trois sont des sortes d’archétypes de ce que la masculinité peut avoir de séduisant, d’excitant en même temps que rassurant… mais de rapidement décevant, voire toxique et même dangereux. Julia n’est pas dupe, elle est plus fine et intelligente que les trois réunis, et jamais Jaime Rosales ne la montre en victime résignée. Julia s’adapte, Julia réagit, Julia évolue. Et on peut penser qu’elle évoluera encore après la fin du film…
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