MANHUNTER
Jeudi 5 novembre à 20h, à l’issue de la séance , discussion animée par Emmanuel Le Gagne, alias Dr Tovolli, co programmateur et animateur des Nuits en Enfer du Cinemed.
Son grand dada ? Cinéma bis, fantastique, grands auteurs classiques américains des années 40/50… et partager ces pépites, ces univers, dans des fanzines, chroniques radio (Cinérama), à la Fac, et régulièrement aussi avec le public d’Utopia !
Écrit et réalisé par Michael MANN – USA 1986 1h58mn VOSTF – avec William Petersen, Ilm Greist, Joan Allen, Tom Noonan, Brian Cox… D’après le roman Dragon rouge, de Thomas Harris.
Du 21/10/20 au 17/11/20
Manhunter, troisième film de cinéma réalisé par Michael Mann, est sorti en France en septembre 1987 sous le titre Le Sixième sens. Il est urgent d’oublier cette mauvaise trouvaille française, et pas seulement afin d’éviter une possible confusion avec le film de fantômes de Shyamalan avec Bruce Willis (Sixième sens sans l’article). Plus juste parce que plus ambivalent, l’intitulé original Manhunter entretient d’emblée une féconde ambiguïté : qui est ledit « chasseur d’homme » ? Le serial killer, prédateur implacable qui décime des familles aisées dans leur sommeil les nuits de pleine lune ? Ou le profiler du FBI – William Petersen, excellent, dans la droite ligne de son rôle dans To live and die in L.A. de William Friedkin, autre polar phare des années 80 – qui tente d’en retrouver la trace en se projetant dans son cerveau malade, au risque de s’y perdre ?
Renvoyer les deux hommes dans un jeu de miroirs où l’un et l’autre se confondent, jouer sur l’identification du flic et de sa proie, brouiller la frontière entre monstruosité et humanité, telles sont les lignes de force troublantes de ce thriller mental qui allait jeter les bases du style Mann : action, expérimentation visuelle, formalisme léché exaltant dans un bain de musiques planantes des univers urbains, nimbés d’éclats bleutés et de néons blafards. Avec cette façon aussi de distendre le récit comme pour le vider de sa substance, en l’infléchissant vers une forme d’abstraction à laquelle fait écho l’architecture moderniste des décors.
Adapté du roman Dragon rouge de Thomas Harris, où apparaît pour la première fois le personnage de Hannibal Lecter (ici baptisé Lecktor) et réalisé au cœur des années Miami vice, Manhunter allie ainsi mélancolie languide, beauté irréelle des cadrages et esthétique inspirée du clip… une stylisation renvoyant le film à ce qu’il est : une traversée des apparences, où le monde déréalisé n’est plus que simulacres, surfaces, images.
(merci à N. Dray, Libération)
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