SPUTNIK, ESPÈCE INCONNUE
Séance unique le jeudi 9 décembre à 20h, présentée par Mario Adobati, enseignant en cinéma à l’Université Paul Valéry. Dans le cadre du Festival de cinéma russe
à Montpellier organisé par l’association Montpellier-Russie.
Egor ABRAMENKO – Russie 2020 1h49mn VOSTF – avec Oksana Akinchika, Piotr Fiodorov et FIodor Bondarchouk…
Du 09/12/21 au 09/12/21
Qu’on se le dise, une film fantastique russe, c’est plutôt rare ! Premier opus de ce réalisateur, qui emprunte à Ridley Scott quelques éléments narratifs, et qui nous plonge dans une atmosphère sombre et sérieuse, où plane un violent goût amer de pourriture et de dégringolade sociétale.
En pleine Guerre froide, en 1983, une équipe de cosmonautes effectue un atterrissage catastrophique au milieu de la taïga à la suite d’une avarie. Son commandant de bord est l’unique survivant, et il semble ne se souvenir de rien. Quelques semaines plus tard, il est enfermé dans une base militaire, en un coin reculé d’URSS. Tatiana, jeune psychologue, est dépêchée de Moscou pour l’examiner. Elle ne tarde pas à découvrir que le cosmonaute n’est pas rentré seul de son voyage. Chaque nuit, il vomit une créature repoussante… et carnivore.
L’intrigue fantastique se double d’une critique de l’URSS et de sa bureaucratie politique et militaire au moment de la guerre froide, avec comme toile de fond son contexte historique et politique. L’histoire se déroule lors de la brève présidence d’Andropov, une ère de réformes impossibles et de perestroïka avortée. De bases militaires en orphelinats, Egor Abramenko filme une architecture aussi monumentale qu’étouffante, un mobilier désuet, des couleurs diluées par des néons fanés. Clichés d’un empire essoufflé qui rampe vers sa dernière décennie.
Le cinéaste n’a connu de ce monde que les derniers échos, une présence fantomatique. Son ectoplasme soviétique se dresse en symbole d’un système qui se nourrissait de peur. Comme lance la psychologue à son collègue, avec ce vocabulaire qui n’appartient qu’au communisme ou au cinéma d’espionnage : « Vous n’êtes pas un monstre mais un lâche. Un spécimen vivant d’un haut niveau de subordination. » Le commandant incarne alors un héros édifié en exemple par la propagande, il est secrètement déchiré par ses propres zones d’ombre.
(merci à Adrien Gombeaud)
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