VIDÉODROME
OBLIK N 3, Soirée CRONENBERG le vendredi 25 février à 20h15.
Au programme : deux body horror intergénérationnels, des jeux pour gagner des DVD et des places pour la prochaine séance Oblik ! Tarif unique de la soirée : 8€, interdit aux moins de 12 ans.
Plus d’information sur le groupe Facebook d’Oblik !
OBLIK le premier crossmédia qui inclut cinéma, radio et bar. Prochain rendez-vous le jeudi 17 février au bar « La Fabrik » pour un apéro cinéphile.
Écrit et réalisé par David Cronenberg – Canada 1983 1h29mn VOSTF – avec James Woods, Debbie Harry, Jack Kreley, Peter Dvorsky, Sonja Smits…
Interdit aux moins de 12 ans
Du 25/02/22 au 25/02/22
« J’ai essayé de faire un film aussi complexe que ma manière d’envisager la réalité. Je crois qu’il est très ambigu, qu’il se nourrit de plusieurs sources d’énergie et qu’il est très compliqué. Je souhaitais qu’il en soit ainsi parce que pour moi c’est la vérité. » (David Cronenberg)
Tenter de résumer Vidéodrome en moins d’une page, c’est comme vouloir expliquer Twin Peaks en moins d’une migraine ou le principe de décohérence quantique en moins d’une nervous breakdown : c’est héroïque mais voué à l’échec. Pourtant, à première vue il ne paye pas de mine avec ses airs de thriller vaguement BDSM, à en juger par son argument : Max Renn est un programmateur cynique et blasé officiant sur la crapoteuse chaîne de télé Civic TV, spécialisée dans le sexe et la violence. Toujours à la recherche de contenus plus extrêmes, un de ses employés chargé de pirater les satellites étrangers lui apporte la cassette VHS d’un mystérieux programme venu de Malaisie, Vidéodrome. « C’est juste des tortures et des meurtres. Pas de scénario. Pas de personnages. C’est l’avenir. » voilà comment Max en parle à sa nouvelle copine Nicki Brand, une animatrice de talk show qu’il a rencontrée sur son plateau quelques jours avant lors d’un débat qui l’opposait au gourou des médias le professeur O’Blivion. D’abord intrigué puis littéralement obsédé par l’émission, Max n’a de cesse d’en obtenir les droits ; c’est quand il découvre qu’elle est en réalité produite à Pittsburg que Nicki, tout aussi fascinée que Max, part mener l’enquête sur place… et disparaît. Resté seul face à son poste de télévision perpétuellement allumé sur Vidéodrome, Max commence à être victime d’hallucinations. Des hallucinations très très réalistes…
Sans aller plus loin dans le dévoilement de l’intrigue on peut d’ores et déjà noter qu’on est assez loin de la Mélodie du bonheur niveau fraîcheur et naïveté, mais ça n’en fait pas pour autant un film dont la richesse du sous-texte et la foultitude des niveaux de lecture le rendrait impossible à résumer. Non, si vous avez lu cet article depuis le début (dans le cas contraire vous n’y comprendrez rien mais vous serez dans l’état d’esprit idéal pour apprécier ce film), vous savez déjà que le poids qui fait pencher la balance tient à la personnalité de son auteur, David « je vais hanter tes cauchemars jusqu’à la fin de tes jours de cinéphage » Cronenberg.
En effet si un film sorti en 1983 peut encore trente ans après susciter exégèses savantes et débats passionnés, c’est d’abord parce qu’il a constitué une évolution fondamentale dans la carrière du cinéaste. Tourné entre Scanners et Dead Zone, Vidéodrome fixe la direction dans laquelle va s’engager le reste de son œuvre : l’étude clinique de ce désir tentateur, libérateur et mortifère de vouloir dépasser notre condition humaine, par tous les moyens et à tous les prix (fusion de l’homme et de la machine, mutations, transgressions), thème que l’on retrouvera dans Crash, La mouche, Existenz, Dead ringers, etc. Ensuite c’est parce que ce film nous parle de notre époque avec une acuité d’autant plus troublante qu’elle a dû passer inaperçue lors de sa sortie. Le contrôle des masses par les médias, le transhumanisme, l’altération de la réalité, les sectes millénaristes, l’écran devenu l’interface privilégiée avec le reste du monde, la généralisation de la violence filmée, diffusée et regardée dans un voyeurisme mondialisé, le fascisme rampant… Faites votre choix, tout est déjà là, dans ce film prophétique aux profondeurs insoupçonnées déguisé en modeste série B. Et si les cogitations philosophiques du docteur Cronenberg vous laissent de marbre, je suis sûr que les appels lascifs de Nicki (jouée par Debby Harry, la chanteuse de Blondie !) susurrés depuis son écran de télé sauront vous guider tel une sirène vers votre cinéma préféré !
Laisser un commentaire