QUAND JE NE DORS PAS
Carte blanche à Jean-Baptiste Durand :
Séance unique lundi 12 février à 20h,
suivie d’une discussion avec Jean-Baptiste Durand.
Tommy WEBER – France 2015 1h22mn – Avec Aurélien Gabrielli, Hortense Gélinet, Elise Lhomeau, Stanley Weber, Mohamed Kerriche…
Du 12/02/24 au 12/02/24
Quand je ne dors pas est l’exemple typique du cinéma Do It Yourself, petit budget de production, équipe réduite et presque familiale, éloge de la liberté induite par ces petits moyens, de même que celle d’un cinéma intime, audacieux. Antoine, son protagoniste, sujet et moteur de la fiction, est un jeune homme désœuvré, lassé de notre triste capitale et de l’oisiveté dans laquelle il s’est enfermé (au chômage, il passe ses journées à fumer des joints). Antoine décide un soir d’aller voir la mer depuis la Gare Saint Lazare – là où ses quelques euros pourraient l’emmener. Rien avant le lendemain 7h et un départ pour la côte normande. Un peu naïf il se met en tête, d’ici au petit matin, de réunir la somme nécessaire pour se payer son billet. Après un passage chez son dealer, pour qui il espère s’improviser vendeur, Antoine va passer la nuit, de rencontres en incrustes, de dragues en impostures, à brûler son spleen par les deux bouts, arpentant la nuit parisienne par l’intermédiaire de situations plus ou moins cocasses ou dangereuses.
Petit dans sa forme, Quand je ne dors pas se donne par ailleurs comme un film assez humble, malgré son questionnement presque existentialiste. Ce qu’il met en lumière, à travers le désarroi de son personnage, c’est l’errance d’une jeunesse qui ne trouve pas sa place dans une société aseptisée, qui n’a à lui offrir que des destins tous tracés. Antoine, musicien romantique (dont les chansons, presque parlées et aux textes amusants, constituent la bande son du film), idéaliste un peu naïf, ne propose comme alternative à sa déroute que d’aller voir la mer. Mais le geste est beau et touchant ; l’énergie, bien qu’on puisse trouver le propos simpliste, est communicative et enjolivée par le noir et blanc des images de la nuit parisienne. On peut même voir dans son anecdote et son propos la métaphore du cinéma qu’il défend : contre les évidences, qui se veut une alternative aux productions conçues en série, sans âme.
Marianne Fernandez (Critikat)
Laisser un commentaire