SOUND OF METAL
Darius MARDER – USA 2019 2h02mn VOSTF – avec Riz Ahmed, Olivia Cooke, Paul Raci, Lauren Ridloff, Mathieu Amalric… Scénario d’Abraham et Darius Marder.
Du 14/07/21 au 03/08/21
C’est une expérience de cinéma qui captive et surprend, une plongée singulière dans un univers que peu d’entre nous connaissent, un monde où les sons, les bruits, la musicalité d’une note ou d’une parole disparaissent peu à peu pour laisser place au silence…
Il serait dommage de réduire ce très beau film à cette seule composante qui n’est pas anecdotique mais ne construit pas non plus à elle seule le récit, mais il nous a paru important de vous révéler cette particularité. Non pas pour gâcher un effet de surprise qui n’a pas de raison d’être, mais plutôt pour éviter que la découverte des premiers instants du film ne soit gâchée par un questionnement quant à l’éventualité d’une erreur technique de projection. Car il y a dans ce film un peu plus de sous-titres que d’habitude. Ce n’est donc pas une erreur mais bien l’intention du réalisateur de sensibiliser le public bien entendant à l’expérience des spectateurs malentendants qui ont absolument besoin de ces sous-titres complémentaires pour accéder à tout ce qui constitue l’ambiance sonore du film.
Le travail sur le son réalisé dans Sound of metal est d’ailleurs remarquable à plus d’un titre. D’abord il conforte sans appel la suprématie de la salle de cinéma : impossible en effet de vivre la force émotionnelle de ce film sur petit écran. Ensuite, il accompagne d’une manière très intelligente la construction dramatique du film : sans jamais passer devant le jeu des comédiens, l’univers sonore est un élément narratif qui enrichit l’histoire d’une texture particulière, lui donnant une formidable résonance. Dans le genre, on n’avait pas vu cela depuis Whiplash, le premier film de Damien Chazelle. Bref, vous l’aurez compris, nous avons beaucoup aimé Sound of metal.
Ruben et Lou. Lou et Ruben. Saltimbanques des temps modernes, ils ont choisi la route comme mode de vie, sillonnant le pays à bord de leur camping-car au gré des dates de concerts du groupe qu’ils forment à eux deux. Une musique brute et sauvage, du métal énergique, comme une urgence, comme une déclaration de vie, incandescente et absolue. Lou chante et Ruben est à la batterie, il donne la pulsion, le rythme cardiaque de leur duo fusionnel. Ça tape, ça vibre, ça fait du bruit, beaucoup, beaucoup trop… Un soir, Ruben perd le fil du son de l’instrument, puis celui des mots, puis celui de la ville. Brutalement, le monde s’éloigne de lui, il se distend, il se déforme, il se brouille pour laisser place au vide : celui du silence, immense, effrayant. Ruben est devenu sourd.
Convaincu que sa sensibilité acoustique va revenir et que ce grand vide n’est que passager, il accepte, à contre-cœur certes, de rejoindre seul un centre d’accueil pour celles et ceux qui, comme lui, n’entendent plus. Il va ici apprendre à vivre avec cette nouvelle dimension que personne ne nommera jamais « handicap » car faisant partie intégrante de l’identité de chacun. Plein de rage, de colère et de tensions liées aussi à son histoire douloureuse, Ruben va apprivoiser le silence, découvrir la langue des signes et affronter ses peurs. Et s’il n’entend plus le bruit des baguettes sur la caisse claire, il perçoit plus que jamais les battements de son propre cœur.
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